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Dossier de la Rédaction

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Balayer devant sa porte

Au terme d’un processus électoral particulièrement laborieux – un doux euphémisme, à la vérité le barreau du Cameroun vient de se doter de nouveaux organes dirigeants. Une parturition au forceps, tant les obstacles furent nombreux, divers et quasiment insurmontables dans un contexte davantage marqué par la passion que par un respect prononcé de la légalité, de la règle établie. Des difficultés inhérentes, voire consubstantielles à la nature même de la fonction d’avocat. Essentiellement « contestataires », de l’avis d’un de leurs pairs, ces hommes et femmes de loi se sont parfois livrés à de véritables batailles de chiffonniers qui ont refroidi l’enthousiasme de certains, convaincus à l’épreuve des faits, que « la critique est aisée, mais l’art difficile »…

Au bout du compte, l’essentiel paraît tout de même sauf : les responsables de l’assemblée générale et du barreau sont connus. Pas suffisant cependant pour occulter les errements et autres insuffisances qui gangrènent la corporation depuis plusieurs années déjà. Au point où les récentes élections de Bamenda se sont opérées sur la base de listes controversées. D’autant que, pour ne rien faciliter, moins d’un dixième des membres inscrits au barreau sont en règle de leurs cotisations. Ce qui, pour ne considérer que l’assemblée générale dont les travaux viennent de s’achever, a laissé découvrir une image peu reluisante d’un géant aux pieds d’argile.

Pensez donc : des avocats se retrouvent aujourd’hui empêtrés dans des scabreuses affaires de violation de l’éthique. En termes plus prosaïques, ces praticiens du droit sont poursuivis de plus en plus pour escroquerie. Y compris envers leurs propres clients. Qui l’eût cru ? Plus grave : même lorsqu’ils en viennent à être sanctionnés par le barreau, ils continuent d’exercer en toute tranquillité, sans être inquiétés par qui que ce soit.

Il s’ensuit, naturellement, une dégradation dans la perception de la profession, côté grand public, dès lors que l’avocat n’inspire plus totalement confiance. Si le barreau nourrit l’ambition de se poser en acteur majeur dans notre société, il devait commencer par imposer l’ordre en son sein, à redécouvrir les valeurs d’intégrité, de probité et d’excellence.

La tâche, reconnaissons-le, n’est pas des plus aisées. D’abord en raison de la très grande diversité des profils de nos avocats. Une fraction de ceux-ci accèdent à la profession par voie de concours, d’autres par une cooptation qui ne dit pas son nom. De plus, le barreau comporte de nos jours près de deux mille avocats dont la gestion incombe à un conseil de quinze membres. Trop peu, estiment des observateurs avertis qui placent le déficit d’administration en tête des maux qui minent la structure. Une analyse qui plaide pour un éclatement du barreau présenté comme véritable « mastodonte» désormais ingérable à leurs yeux. Une perspective que redoutent d’autres hommes en robe qui évoquent le risque d’une fragilisation inévitable.

Dans tous les cas, les nouveaux organes dirigeants de la corporation ont du pain sur la planche. Il leur revient de restaurer la cohésion et la solidarité d’une structure mises à mal par le clientélisme, des querelles, des intrigues et des déchirements de bas étage. Mais, les uns et les autres seront surtout jugés par leur capacité à redresser une image passablement écornée en se posant en interlocuteurs crédibles face à des pouvoirs publics trop souvent, trop facilement accusés de se satisfaire de la faiblesse de ce corps d’élite. Au lendemain d’une assemblée générale poussive, les avocats camerounais doivent se résoudre à balayer devant leur porte. Un indispensable ménage pour se donner les arguments d’un nouveau départ. Au service d’une saine administration de la justice. C’est-à-dire au service de la loi, de leurs semblables et de la société toute entière. Une refondation qui repose sur une incontournable modernisation du barreau, elle-même adossée sur une meilleure formation des avocats. Ce ne sera pas une sinécure.

 

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