Du côté d’Ancien Etage, la chaussée a laissé la place à de véritables ravins.
On se croirait presque dans un de ces clips de rap US, avec des voitures aux suspensions pneumatiques hors norme, qui bougent au rythme de la musique. Sauf que voilà, loin du glamour de la télé, des jolies filles en bikini et des beaux garçons aux plaquettes de chocolat, on est en plein dans la boue de New Bell, au lieu-dit Ancien Etage à Douala. Entre le carrefour Abc Nkololoun et le centre social de New Bell. Et si les véhicules se dandinent à gauche et à droite, c’est bien que la route ne leur laisse pas d’autre choix. A la place d’un bitume sans aspérités, de multiples crevasses imposent leur loi à toutes les roues. Des trous qui, la saison des pluies « aidant », se transforment en mares aux profondeurs insoupçonnées, d’un mystère glaçant pour les usagers.
Le résultat : des manœuvres compliquées, des accrochages multipliés, des insultes qui fusent, des conducteurs de mototaxis qui finissent les mains dans la vase. Et bien évidemment, des bouchons qui n’en finissent pas. Surtout à l’heure de pointe, quand commerçants et autres travailleurs cherchent le chemin qui mène à leur domicile. Une situation qui fait pester Georges T., taximan. Il ne cache pas son amertume : « Voilà une route très fréquentée qui ne fait que se dégrader et qui nous abîme les voitures. Mais la Communauté urbaine préfère aller boucher et reboucher les mêmes trous à Akwa ». Pour éviter ces désagréments, bon nombre d’usagers empruntent maintenant des bretelles réfectionnées, comme celle qui mène à l’Eglise Bamoun ou une autre qui débouche au Collège Evangélique.
D’autres quant à eux continuent de s’accommoder des cahots, comme Raoul K., un habitant du coin : « On n’a pas trop le choix. Quand tu sors, il faut bien rentrer chez toi. Et puis, on est déjà habitués ». Habitués à se bousculer sur la chaussée avec les « bendskineurs » et autres véhicules. Parce que, pour ne rien arranger, les différents commerces, quincailleries, réparateurs de motos, d’électroménager, vendeurs de pièces détachées, de mouton grillé, ont complètement occupé le trottoir, obligeant les piétons à venir se battre sur la grand-route pour se frayer un chemin et sauver leur vie en même temps.
Et quand on sort d’ailleurs, il est parfois difficile de se trouver un taxi pour rallier le coin. Parce qu’en plus d’Ancien Etage, un gouffre a escamoté l’asphalte tout près du centre social, le décor de l’Eglise Bandjoun est quant à lui redessiné par les fissures qui marquent ses alentours. Et comment oublier les désormais mythiques ravins de Njong-Mabi, non loin du cimetière. Presque un lieu touristique, avec deux lacs mâle et femelle.
