L’excès de vitesse, l’alcoolisme, les défaillances techniques des véhicules, la fatigue ou la somnolence des conducteurs sont systématiquement stigmatisés pendant les campagnes nationales de sécurité routière comme causes fréquentes des multiples accidents de la route qui endeuillent les familles camerounaises. Il y a lieu d’ajouter à cette liste l’usage du téléphone portable au volant. Les indications chiffrées cumulées des opérateurs du secteur de la téléphonie mobile laissent apparaître qu’environ neuf millions de Camerounais possèdent un téléphone portable. Bien qu’aucune étude fiable, à notre connaissance, ait été menée à ce jour dans notre pays sur les conséquences de l’usage du téléphone portable au volant, il est d’un grand intérêt de porter l’attention sur les nombreux témoignages des personnels des forces de l’ordre chargés de la circulation routière ou encore sur les faits divers rapportés à ce sujet par les journaux. Ces témoignages et ces faits divers attestent une réalité : beaucoup d’accidents de la route ayant entraîné des conséquences mortelles ont pour origine l’usage du téléphone au volant.
La pratique consistant à téléphoner, à répondre à un coup de fil, à envoyer un texto ou bien à répondre à un sms en conduisant un véhicule a pour conséquence première d’augmenter les risques d’accident. Ainsi, une étude menée dans plusieurs pays de l’Union européenne a révélé que l’usage du téléphone au volant « entraîne une moins bonne appréciation et perception des situations, une altération de l’attention allouée à la conduite et une augmentation du rythme cardiaque, traduisant une augmentation de la charge mentale liée à la difficulté de réaliser simultanément deux tâches ». Voilà pourquoi, là-bas, l’usage du téléphone au volant est purement et simplement interdit. La transgression de cet interdit expose le contrevenant à des sanctions administratives et pécuniaires, voire à la prison le cas échéant. Car dans les pays de l’Union européenne comme aux Etats-Unis, plusieurs études ont révélé que l’usage du téléphone au volant, tenu en main ou avec un kit mains libres, est devenu la quatrième cause de mortalité sur les routes. L’usage du téléphone au volant est source d’une distraction qui altère fortement la concentration en détournant l’attention du conducteur. Un slogan de l’observatoire interministériel français de sécurité routière fait valoir avec raison que « téléphoner au volant, c’est être ailleurs que sur la route ».
Dans notre Afrique centrale, le code de la route en vigueur dans la zone CEMAC dont le Cameroun, est-il nécessaire de le rappeler, est membre, proscrit l’usage du téléphone au volant, sous peine de sanctions graduées pouvant aller jusqu’au retrait du permis de conduire. Cependant, il vous est loisible d’observer des conducteurs de véhicules au téléphone dans les rues des agglomérations urbaines ou les routes interurbaines. Ils font fi des dangers encourus pour eux-mêmes et pour les autres usagers de la route, parfois devant les agents chargés de la sécurité routière. Les campagnes de prévention routière régulièrement menées à travers notre pays devraient sans doute mettre un accent particulier sur la sensibilisation et, le cas échéant, la sanction pour contribuer à lutter davantage avec efficacité contre les comportements criminels de chauffards inconscients. La réforme annoncée du permis de conduire devrait en tenir compte. Et de même les auto-écoles. Sans pour autant négliger les autres causes d’accident de la route jusqu’à présent mises en exergue.
