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Dossier de la Rédaction

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Péril sur le patrimoine

Vingt jours après la pose de la première pierre du barrage-réservoir de Lom-Pangar par le chef de l’Etat, Paul Biya, le 3 août 2012, la région de l’Est était à nouveau en fête jeudi dernier, à l’occasion de l’inauguration de la route Ayos-Bonis. Avec, à la manœuvre, le Premier ministre, chef du gouvernement, Philemon Yang, représentant personnel du président de la République. La joie des populations de la région du Soleil Levant était d’autant plus grande qu’il a fallu sept ans pour livrer cette infrastructure de 190 Km et de nombreuses péripéties sur lesquelles nous ne reviendrons pas, à l’heure où s’exprime à l’unisson aux quatre coins de l’Est la légitime fierté d’être relié à la capitale du pays par une route praticable en toutes saisons, et à la reconnaissance vis-à-vis du promoteur du projet, Paul Biya .

Il ne pouvait du reste en être autrement quand on sait que lors des consultations participatives préalables à la rédaction au début des années 2000 du Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP), la route, l’accès à l’eau potable et à l’énergie étaient apparus dans l’ordre comme les principales préoccupations des populations en matière d’infrastructures. Car, la route permet de désenclaver toutes les régions du pays et, ce faisant, facilite l’insertion des populations dans le circuit économique et leur accès aux services sociaux de base : éducation, santé…

Tout en se réjouissant jeudi dernier à l’idée que la route Ayos-Bonis allait permettre d’exploiter plus aisément les minerais d’or, de diamant, de manganèse, de cobalt… dont regorge la région de l’Est et d’évacuer plus facilement les produits agricoles et pastoraux vers les marchés potentiels, de nombreux invités ont eu un pincement au cœur en découvrant certaines statistiques rendues publiques par Panagiotis Marcelis, directeur général, mandataire du groupement Edok-Eter Cameroun S.A, Pantechniki S.A, maître d’œuvre du projet. Tenez : « conçue et réalisée pour un trafic de 180 véhicules poids lourds par jour, pour une durée de vie prévisionnelle de 15 ans dans les conditions normales d’utilisation, elle (NDRL, la route) enregistre aujourd’hui une moyenne de 900 véhicules poids lourds par jour. »

Cette phrase correspond ni plus ni moins à une mise en garde solennelle. C’est un S.O.S contre la surexploitation de cette infrastructure qui reçoit cinq fois plus de véhicules poids lourds au quotidien que prévus. Pire encore, la plupart de ces véhicules qui transportent des grumes sont en surcharge, selon des sources dignes de foi. Si rien n’est fait, il faudra se résoudre à repartir dans quelques années vers les bailleurs de fonds pour trouver des financements en vue de réhabiliter la route Ayos-Bonis. D’où l’urgence qu’il y a à protéger jalousement ce patrimoine précieux. Non pas en limitant le nombre de poids lourds devant y circuler, mais en veillant à ce que le poids à l’essieu soit scrupuleusement respecté. Une interpellation forte en direction des responsables au plus haut niveau des stations de pesage.

Sur l’axe Ayos-Bonis, trois stations sont prévues, respectivement au niveau de l’embranchement vers Akonolinga, à Bagofit à une quinzaine de kilomètres d’Abong-Mbang et à Bonis (près de Bertoua). Seules les deux premières fonctionnent, la troisième n’étant pas encore équipée. Quand on sait que ces postes de contrôle ne sont pas équipés en matériel pour délester par exemple les poids lourds des grumes excessives, et que certains propriétaires de ces engins préfèrent payer des amendes au lieu de respecter la charge à l’essieu ; quand on sait par ailleurs que de nombreux postes de pesage sont de hauts lieux de corruption comme l’a révélé une récente enquête de la CONAC, il y a lieu de s’inquiéter pour nos routes et en particulier l’axe Ayos-Bonis acquis au prix de sacrifices considérables.

 

Loin d’être une fatalité, cette situation devrait conduire à une réflexion approfondie pour que des mesures plus draconiennes soient prises à l’encontre de ceux qui seraient tentés de violer ou contourner la réglementation. Par exemple bloquer la circulation d’un grumier pendant quatre à cinq jours et le délester de son chargement aux frais de l’auteur de l’infraction. Quant à ceux qui feraient ce travail avec abnégation, ils existent, il suffit de bien chercher pour les trouver. C’est ainsi et seulement ainsi qu’on pourra durablement protéger notre patrimoine routier de l’incivisme de prédateurs sans foi ni loi.

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