« En rire pour ne plus en pleurer ». C’est ce qu’a fait Dave K. Moktoi ce 23 août 2012 dans la cité économique. Le spectacle, organisé par le Renata’s stand up comedy group, visait à donner aux victimes de viol le courage de poser un autre regard sur le drame. Une thérapie par le rire suivie par plus de vingt-cinq participantes lors d’un atelier de counselling sur la prévention et la lutte contre le viol et l’inceste, le Stand up Comedy Show. C’était du 23 juillet au 1er août dernier à Yaoundé sous l’encadrement de l’humoriste et homme de théâtre camerounais, à l’initiative de la Giz, en soutien au Réseau national des tantines, le Renata.
Jeudi soir, elles étaient 14 femmes et filles à raconter leur histoire sous la forme de sketchs. Des déchirures à travers lesquelles les spectateurs ont eu l’occasion de saluer le courage des victimes. Dans un humour noir et décapant, elles auront réussi à arracher des rires à l’assistance. Mais elles auront surtout permis de toucher du doigt l’étendue du mal, d’en vivre les manifestations. Pour ouvrir le bal des témoignages, Sophie F., violée à huit ans par son voisin de 40 ans. Une autre, qui a choisi comme nom de scène Vox Africa, aura subi plusieurs assauts sexuels entre trois et 20 ans. Jojo B., agressée trois fois, a été déchirée pour la première fois à sept ans par les doigts de sa cousine. Nelly D. a enduré son violeur de père de huit à 15 ans.
Au milieu de ce livre des horreurs, une tragédie. Celle de Majolie M., forcée à huit ans par des malfrats, qui blesseront ses parents au passage. Sa mère n’y survivra pas. Et le comble de l’indicible, Christelle O. Violée à 15 ans par son répétiteur, elle sera forcée de se marier à ce dernier. Pour connaître les sommets de l’insoutenable. En effet, son époux va aussi abuser de leurs filles de deux et six ans, ainsi que de leur garçon de huit ans… Des traumatismes auxquels va se greffer celui du petit Michael A., le seul mâle du groupe. Le petit homme va narrer avec un admirable détachement les crimes de son papa. Dave K. Moktoi ajoutera sa voix à toutes celles-là pour dire non au « cambriolage sexuel », au « Dpc : Droit paternel de cuissage », au « viol pour tous avant 3000 ». Il n’hésitera pas à donner quelques voies pour neutraliser les violeurs, notamment des injections.
Le public aura aussi droit à quelques retours dans le passé, au temps de « L’homme bien de là-bas ». Au temps des promesses électorales fallacieuses, toujours d’actualité. Le mensonge est dans les agencements des mots : « routes cimentées… maisons goudronnées… autosuffisance vestimentaire… autoroutes et axes lourds encore plus alourdis… ». Et il vaut mieux en rire.
