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Dossier de la Rédaction

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Icones camerounaises : le cannibalisme ?

La propension inexplicable a priori du pays à sacrifier ses propres enfants à l’autel de stupides égoïsmes et de solidarités mafieuses suscite moults interrogations.


Les derniers rebondissements dans ce qu’il est convenu d’appeler « affaire Eto’o » laissent pour le moins perplexe, autant qu’ils questionnent notre conscience collective. Surtout à l’aune des prises de position déroutantes de certains dirigeants de ce football qui aura tant caressé notre fierté nationale il y a quelques années, au point de nous faire rêver. Ainsi, pour nombre de ces satrapes, une équipe de football, c’est onze joueurs sur le terrain. Pas plus, soutiennent-ils, pince-sans-rire. En d’autres termes, que Samuel Eto’o ne serait qu’un athlète parmi tant d’autres. Pour les tenants de cette thèse égalitariste, les hommes seraient tout simplement… interchangeables.

De fait, ce n’est point le sort individuel du sociétaire de l’Anzi qui nous préoccupe dans ces lignes. Quadruple ballon d’or africain, footballeur le mieux payé de la planète, promoteur économique en voie d’émergence, Samuel Eto’o n’est pas vraiment homme à plaindre. Loin s’en faut ! Ce qui chagrine à la limite de la révolte, c’est la décote vertigineuse du Cameroun sur la planète foot, l’incroyable descente aux enfers des Lions indomptables. En cause, la capacité machiavélique de certains de nos compatriotes à banaliser, à tourner en dérision leurs icônes et idoles, tous domaines confondus. Un tableau on ne peut plus affligeant.

On se rappelle qu’au début des années 2000, Manu Dibango, un monument de la musique adulé sous d’autres cieux, avait choisi de mettre son immense expérience et son auréole au plan mondial au service du droit d’auteur dans son pays. Il fut trainé dans la boue par des diseurs de bonnes histoires et autres prestidigitateurs. L’homme au saxophone rentra dans sa coquille. Aujourd’hui nos artistes peinent toujours à sortir de l’ornière. Sans que cela surprenne les observateurs avertis.

Pour revenir à notre sport-roi, nous gardons en mémoire les propositions d’un certain Eugène Njo Lea qui éclaira la France de son talent sur les stades des années durant. Visionnaire et manifestement en avance sur son temps, il débarqua un temps dans sa patrie avec un projet de professionnalisation du football. Ses propositions se heurtèrent à une telle hostilité que celles-ci furent jetées aux orties sans façon. L’homme dut repartir sur la pointe des pieds, sans laisser d’adresse. En ravalant une énorme rancœur.

Plus près de nous, Roger Milla, auteur de l’inénarrable « danse du lion » au Mondiale 90, footballeur africain du XXe siècle, par ailleurs ambassadeur itinérant bien en cour à la FIFA s’est fait virer comme un malpropre des instances dirigeantes de la FECAFOOT il y a peu. Sans que cela n’émeuve grand monde dans ce pays nôtre. Et l’on pourrait allonger à l’envi la liste de ces nombreuses perles que nous envient d’autres nations, mais qui ne rencontrent dans leur propre pays que mépris et aversion. Du fait de cette caste privilégiée de grands esprits bien-pensants qui ont acquis, on ne sait trop comment, en même temps que le monopole du patriotisme et des vues justes, un titre de propriété sur le Cameroun. Et ce, bien que la loi fondamentale dispose qu’aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté nationale.

S’il est certain qu’on ne va pas de sitôt refaire le monde, et que nul n’est prophète chez soi, on peut néanmoins s’interroger sur cette propension inexplicable a priori du Cameroun à brûler ses icônes, à sacrifier ses propres enfants à l’autel de stupides égoïsmes et de solidarités mafieuses. Un cannibalisme sans nom ! A l’instar du décor de cette Jérusalem biblique qui, avec sa « race de vipères », tue les prophètes et lapide ceux qui lui sont envoyés.

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