Selon le préfet du Mayo-Danay, Baba Ngandji, c’est la sirène de la Semry qui aura créé la panique dans la ville de Maga. Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, deux fissures sont constatées sur la digue. La sirène retentit pour appeler à l’aide les volontaires. Mais ce son est mal interprété par les populations qui pensent à une rupture de la digue. Près de 5000 personnes vont alors s’enfuir vers Guirvidig, Bogo et d’autres localités en direction de Maroua. Les autorités administratives et les organisations humanitaires ont du mal à gérer cet afflux de populations. Les routes coupées s’ajoutent aux difficultés de gestion de cette catastrophe. Les populations du Logone et Chari, riveraines du fleuve Logone, sont aussi menacées. Le lâchage des eaux du lac a provoqué une véritable crue tout le long de ce cours d’eau qui traverse les départements du Mayo-Danay et du Logone et Chari. Les eaux du Logone ont ainsi quitté le lit du fleuve pour inonder le parc national de Waza ainsi que les localités de l’arrondissement de Zina.
Alors que l’attention reste focalisée vers le nord du Mayo-Danay à Maga et le long du fleuve Logone, un autre drame se déroule à Wina et à Guéré. Le lac qui sépare les arrondissements de Guéré et de Wina vient de déverser son trop plein sur les populations riveraines, occasionnant leur déplacement massif. Les concessions sont démolies, les cultures entièrement englouties par les eaux. Les villages Kanarkina, Karmarki, Bosgye, Djenreng, Vaïdou Souaye, Rouane, Massi et Woudou du côté de Wina sont dévastés par les eaux. Leurs habitants se retrouvent loin de leurs domiciles. Les hippopotames du lac qui, curieusement n’aiment pas les profondeurs, ont déménagé après avoir détruit les rares cultures vivrières restées en hauteur. Ils colonisent aujourd’hui les mares du village Karmaye à 15 km de leur base habituelle. C’est encore là un autre danger qui guette non seulement les noctambules, mais aussi les cultures vivrières des villages environnants. Dans le prolongement de l’arrondissement de Wina, c’est le sud de Yagoua avec les villages Domo, Moury, Dana et Yéléona qui en font les frais. Les habitants se retrouvent sans abris avec des champs de coton, arachide et mil noyés.
En face à Guéré, même spectacle sur les berges du lac. Les habitants des villages Warkalak, Mouka, Nahaïdé, Djougoumta et Dousseye ont les pieds dans l’eau. Depuis la rentrée scolaire, les écoles de Mouka et de Nahaïdé sont occupées par les populations. Dans cette zone, les hippopotames errent aussi derrière les cases.
