L'ambassadeur des Etats-Unis en Libye, J. Christopher Stevens, et trois fonctionnaires américains ont été tués mardi dernier en soirée après l'attaque de leur consulat à Benghazi, dans l'Est de la Libye.

Plusieurs dizaines de manifestants, pour la plupart salafistes armés, ont pris d’assaut le siège de la représentation diplomatique qu’ils ont saccagé, puis brûlé. Le consulat a même auparavant essuyé des tirs de roquette. L'ambassadeur aurait été tué dans des conditions troubles, lorsque le véhicule qui le transportait a été pris pour cible. Des photos publiées sur plusieurs sites mercredi laissaient penser qu’il a été torturé.

A l’origine de cette flambée de violences anti-américaines, le film « L’innocence des musulmans », réalisé par un promoteur immobilier israélo-américain, Sam Bacile, qui se cache désormais. Le long métrage tourné, l’année dernière, a été projeté il y a quelques mois à Los Angeles. C’est la diffusion sur Internet-via les réseaux sociaux- des extraits du film sous-titrés en arabe qui a provoqué l’ire de certains musulmans.

En Egypte, l’ambassade américaine du Caire a aussi été prise pour cible par près de 2000 manifestants salafistes, finalement refoulés par la police et l'armée. Mais en Libye, la réaction aura été sanglante. La violence des affrontements autour du consulat de Benghazi a été telle que les forces de l'ordre libyennes ont dû battre en retraite. Pour nombre d’observateurs, c’est le signe que la question sécuritaire est loin d’être réglée. Combats tribaux, attaques armées, affrontements entre les milices qui contrôlent les régions sont récurrents.

J. Christopher Stevens était en poste à Tripoli depuis mai 2012. Barack Obama a condamné l’attaque et rendu hommage à l'ambassadeur et ses collègues tués. Cet événement renforce « l'engagement des Etats-Unis pour la liberté, la justice et le partenariat avec les pays et populations à travers le globe », a déclaré le président américain. De son côté, la Libye a regretté l’incident et demandé pardon. « Nous présentons nos excuses aux Etats-Unis, au peuple américain et au monde entier pour ce qui s'est passé », a déclaré, à Tripoli, Mohamed al-Megaryef, le président du Congrès général national (CGN), qualifiant l'attaque de « lâche » et pointant du doigt les partisans de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi et le réseau Al-Qaïda. Le Premier ministre Egyptien, Hicham Qandil, a aussi regretté les incidents du Caire et appelé « le grand peuple d'Egypte à exprimer sa colère dans la retenue ». De la France, de l'Italie, de l'Allemagne et de plusieurs autres pays et organisation internationales fusaient également des condamnations lorsque nous mettions sous presse hier.

Une équipe d'une cinquantaine de marines spécialisés dans la lutte antiterroriste est annoncée en Libye, selon un responsable du Pentagone.