Une semaine après la nomination de Jean-Paul Akono comme nouveau sélectionneur des Lions indomptables, l’heure des clarifications sonne. De nombreuses zones d’ombre entourent cette promotion.
Elles concernent notamment la durée du mandat du technicien, les objectifs de sa mission, les moyens d’action, la définition exacte de l’organigramme qui devrait être complété par la désignation de quelques collaborateurs. La place de la Direction technique nationale dans la nouvelle organisation mérite également d’être bien définie. Sans oublier les rapports entre la Fécafoot et Jean-Paul Akono.
Quels moyens d’action ?
Dimanche dernier, Jean-Paul Akono était à Douala. Il a assisté aux matches Astres-Union et New Stars-Renaissance pendant que Martin Ndtoungou Mpilé, son adjoint, regardait au stade Ahmadou Ahidjo le match Canon-Yong Sport. Le nouveau staff technique a donc commencé le travail. Dès la nomination intervenue jeudi dernier, Jean Paul Akono a clairement laissé entendre qu’il convoquerait quelques joueurs locaux pour le match couperet du 13 octobre prochain face au Cap-Vert. Six jours après sa nomination, Jean-Paul Akono n’est pas encore installé officiellement. C’est ce que veulent la tradition et les usages. Et pourtant, nous ne sommes plus qu’à trois semaines de l’échéance. Les moyens d’action ne sont pas connus. Tout cela devrait être précisé, voire encadré dans un contrat de travail le liant à l’Etat du Cameroun d’une part et à la Fécafoot d’autre part. Sous contrat avec l’Etat comme DTN adjoint n°1, Jean-Paul Akono qui « cumulera les deux fonctions qui ne sont pas incompatibles », comme il l’affirme, ne touche pas un gros salaire. Il aura donc logiquement besoin d’une rémunération conséquente, susceptible de le mettre à l’abri des pressions des dirigeants et des joueurs. Jusque-là, il utilise le véhicule de fonction de la DTN. Mais, il peut toujours faire usage du véhicule mis à la disposition des sélectionneurs. L’allocation du carburant, du crédit de communication et bien d’autres commodités sont indispensables pour la réussite de la mission de la nouvelle équipe. Le traitement salarial des sélectionneurs locaux a toujours été un vif débat. Malgré leurs états de service, ils sont traités au rabais par rapport aux expatriés. Vivement qu’Akono et Ndtoungou soient mis dans de bonnes conditions !
Quel contrat de travail ?
Le texte nommant Jean-Paul Akono ne mentionne pas la durée de sa mission. Loin de l’intriguer, cette situation est curieusement analysée avec philosophie par l’intéressé qui souligne que la décision du Minsep fait de lui le « sélectionneur des Lions indomptables. Point final », ajoute-t-il, avec un accent d’autoglorification. Cela est loin d’être un détail. « Magnuson », son surnom, est-il là seulement pour ce « match coupe-gorge » du 13 octobre ? Sa mission ira-t-elle au-delà de cette date ? Une qualification pour la Can 2013 prolongera-t-elle son séjour à la tête des Lions ? Une élimination l’écourtera-t-elle ? Comme technicien, Akono a déjà fait ses preuves. Il ne passe donc pas un test le 13 octobre comme le laissent insinuer avec cynisme certains. Il n’est ni un magicien, ni un messie. Mais un simple entraîneur. Cela est également vrai pour Eto’o s’il revient sur sa décision de suspendre sa participation en sélection. Le coach hérite d’une équipe dans le coma. La guérison des Lions indomptables va nécessiter beaucoup de temps. Une qualification ne va pas guérir, comme un coup de baguette magique, cette longue maladie.
Quels collaborateurs ?
Jean-Paul Akono aura besoin de s’appuyer sur un personnel compétent, professionnel et dévoué à la cause de la qualification. Dans l’interview accordée à Cameroon Tribune lundi 17 septembre dernier, le sélectionneur souligne qu’il recherche la solidarité et la dynamique du groupe et du staff. Akono et Ndtoungou se sont réunis lundi dernier pour élaborer une ébauche du programme du stage préparatoire au match Cameroun-Cap-Vert. Les deux techniciens qui « se supportent » depuis 2000, comme le reconnaît l’un d’eux, ont également formulé des propositions pour les postes à pourvoir de préparateur physique et d’entraîneur des gardiens. Il serait souhaitable que ces collaborateurs attendus soient connus dans les plus brefs délais. Les observateurs souhaitent également un redéploiement des personnels gravitant autour de l’encadrement technique. Sans être une condition sine qua non pour leur come-back, cet assainissement est réclamé par quelques joueurs-clés. Le maintien ou non de certains responsables dans leurs fonctions pèsera dans la décision finale de ces joueurs qui ont déjà marqué leur accord de principe de revenir en sélection. Par ailleurs, les observateurs ne comprennent pas bien le rôle de Jean-Manga Onguene dans la nouvelle organisation. Le nom du DTN figure dans la liste des responsables appelés à se rendre en Europe cette fin de semaine pour rencontrer les joueurs. Disons les choses comme elles sont : entre Akono et Manga Onguene, ce n’est pas le grand amour. C’est un euphémisme. Le dernier accrochage entre les deux techniciens est récent. Akono a reçu une lettre d’observation de Manga Onguene à cause d’une prise de position de « Magnuson » qui défendait alors Eto’o. Une thèse contraire à l’avis du DTN, soutenu par la Fécafoot. Les relations entre Akono et la Fédération camerounaise de football ont toujours été marquées du sceau de la suspicion. Elles se sont davantage détériorées ces dernières semaines. Il faudra donc créer un autre environnement de travail et allouer des moyens conséquents au sélectionneur.
