S’appuyant légitimement sur une organisation administrative et gouvernementale absolument opérationnelle, le président de la République aurait pu continuer à impulser, à superviser à distance l’immense mouvement de solidarité méticuleusement mis en branle par ses soins il y a quelque temps déjà en faveur des populations victimes des inondations dans la partie septentrionale du pays. Paul Biya a opté pour une descente sur le terrain, afin de toucher du doigt les dures épreuves que font endurer à ses concitoyens des zones sinistrées des aléas climatiques d’une ampleur exceptionnelle. Naturellement, cette marque de réconfort, avec la forte charge symbolique qui l’accompagne, les populations concernées l’ont appréciée à sa juste valeur.

D’autant que le chef de l’Etat, avant de se rendre à Garoua et Maroua, avait déjà instruit des mesures énergiques, pour faire face à une situation unanimement jugée préoccupante. Aussi bien dans l’urgence que sur la durée. Ainsi de cette mise à disposition de ressources financières substantielles en vue de fournir aux sinistrés denrées alimentaires, médicaments, matériels de couchage et autres fournitures scolaires dans le cadre d’un recasement sécurisé. On sait, en effet, que les inondations autour de Maga ont provoqué le déplacement de quelque 6500 personnes. De même, l’on dénombre 27000 sans abris dans les départements du Mayo Rey et de la Bénoué, dans la Région du Nord. Avec, à la clé, des risques considérables d’épidémies, du fait d’une promiscuité incontournable, dans les conditions d’hygiène relativement déplorables. Le tableau était suffisamment sombre pour laisser le chef de l’Etat indifférent. Lui dont la fibre humaniste est bien connue des siens.

A cet égard, il n’est que de se souvenir d’une descente similaire du président Biya sur le site de Nsam, en février 1998, lorsque plusieurs dizaines de nos compatriotes y trouvèrent une mort atroce suite à l’explosion d’une citerne de produits pétroliers. Le même élan avait guidé, dix ans plus tôt, la démarche du promoteur du Renouveau quand il se rendit diligemment sur le site de ce qui était alors le collège Monthe à Yaoundé où un mouvement de panique inexplicable déboucha sur le décès de nombreux élèves de cet établissement scolaire de la capitale. Par ailleurs, on sait que suite à la catastrophe du lac Nyos en août 1986, le chef de l’Etat s’était rendu sur le site pour y conduire personnellement l’aide aux sinistrés. On le retrouvera en décembre 1995 à Douala suite au crash d’un avion de la défunte Camair. C’est dire que la nouvelle descente sur le terrain du président Paul Biya qui se situe en dehors du champ politique stricto sensu, n’est pas un acte isolé, mais une constante dans son mode de gestion du pouvoir d’Etat : monter au créneau pour se tenir au plus près de ses concitoyens chaque fois que la nécessité et les circonstances l’imposent.

Après l’alerte donnée par les autorités administratives, la mise sur pied d’un comité de crise et le déploiement d’une mission interministérielle, la visite du président de la République, chef de l’Exécutif, dans les régions sinistrées du septentrion lui permettra certainement de mieux apprécier l’urgence et l’opportunité des actions à conduire, à court, moyen et long termes. On sait, dans ce dernier registre, qu’un plan global de gestion du sinistre actuel a déjà fait l’objet d’une approbation en vue d’apporter des solutions pérennes, voire définitives aux difficultés multiformes qui se sont fait jour sur le terrain. Un plan stratégique dont les besoins sont évalués à près de 125 milliards de F. Pas moins ! Il est clair que les Grandes Réalisations voulues par le chef de l’Etat et qui appellent une action audacieuse et méthodique ne sauraient guère s’accommoder ni de fuites en avant, ni de replâtrages hasardeux. C’est aussi cela, la marche vers l’émergence.