Dans les grandes villes du pays, l’insécurité via les véhicules jaunes a mille visages.
A priori, l’on pense généralement que le conducteur est de mèche. Même quand il porte plainte contre inconnu, à qui il aurait laissé le taxi sous la contrainte, ce n’est pas souvent qu’on lui accorde le bénéfice du doute. Et pourtant ! Fernand Mata, taximan depuis près de 20 ans à Yaoundé est un homme meurtri depuis 2005. Pour cause, ayant acheté un deuxième véhicule grâce à ses bénéfices, il le confie à un cadet. Sauf que, après six mois d’activités, celui-ci est porté disparu. Trois semaines plus tard, son véhicule est retrouvé à Douala. Des jours après, l’enquête de police a permis de retrouver la dépouille du jeune conducteur dans un bosquet à la sortie de Yaoundé. Dépourvue de certains organes. Des histoires de taximen agressés, tués et mutilés de la sorte, les policiers vous en racontent mille…
Cependant, s’il faut parler des passagers agressés dans un taxi, on peut multiplier ce chiffre. Tant le phénomène date et les techniques évoluent, notamment à l’approche des fêtes de fin d’année ou de la rentrée scolaire, où les gens disposent de liquidités. Autrefois, l’on dénonçait surtout les agressions physiques, toujours d’actualité d’ailleurs. Un officier de police explique que « c’est à l’aide d’armes blanches dont des seringues chargés d’air, d’eau, d’huile de vidange, voir d’essence, que les braqueurs dépouillent les passagers et les balancent dans un endroit désert ou obscur. Très souvent, le conducteur est complice», affirme notre source. Avec le temps et la traque des forces de l’ordre, les agresseurs ont affiné leurs techniques. Profitant des surcharges, ils soutirent argent et autres biens des sacs à mains des femmes notamment. Ça s’appelle le « serré-serré ».
Aujourd’hui, les malfrats font preuve de beaucoup plus de subtilité, jouant avec la psychologie des passagers. C’est ainsi qu’est né le coup du pasteur anglophone ou diseur de bonne aventure et du complice traducteur. Ils entament une discussion et profitant de la crédulité des passagers, détournent ceux-ci de leurs destinations avec des histoires de délivrance spirituelle ou de multiplication d’argent. Plusieurs victimes rapportent qu’elles sont rentrées chez elles consciemment pour aller chercher ou prendre un prêt d’argent à remettre au bel orateur. C’est seulement après coup qu’elles se sont rendues compte de la supercherie.
Face à tous ces problèmes, les hommes en tenue appellent sans cesse à la prudence. Refuser la surcharge, éviter les sorties nocturnes, les discussions dans les taxis avec des inconnus et veiller à prendre seulement les taxis ayant une immatriculation et un badge lisible.
