Du fait d’abord de la nature qui lui a presque tout donné pour fabriquer son ciment. Les pierres (limestone) sont récoltées ici (pour une durée d’au moins 75 ans !), sur une mine constituée de vagues et vastes terrains situés à une vingtaine de kilomètres de la frontière du Bénin. Transportées par des camions, le contenu est vidé dans des concasseurs géants. Le clinker est produit, grâce au mélange de l’argile, de la latérite, et de ces pierres. Ce même clinker, associé à la seule matière première importée, le gypse, donne le ciment. Mais, avant d’y arriver, on peut apercevoir un mécanisme d’acheminement des matières premières sur une distance de 2km à partir des terrains latéritiques, concassées, broyées dans de gigantesques moulins, et stockées.
Du fait ensuite de la technologie. Construite par l’entreprise chinoise Sinoma, la même qui bâtit la cimenterie de Douala, Ibese est remarquable par ses installations. Des silos gigantesques, une salle des machines et de contrôle ultra modernes, un laboratoire d’analyse de la qualité de la matière première entièrement robotisé et aux rayons laser, une station de traitement d’eau et pour couronner le tout, une centrale à gaz dont la turbine, installée par Siemens sert à l’alimentation en énergie électrique. 16 colonnes de production font 2400 sacs de ciment par heure, pour une production actuelle d’environ 6 millions de tonnes.
3000 emplois directs
Enfin, du fait de sa gestion des questions humaines et environnementales. « La cimenterie est environmental friendly, explique le directeur général, l’Indien VJ Anantha Raman. Par exemple, nous sommes, à 30 mg/nm3 à la cimenterie d’Ibese, alors que la norme au Nigeria est à au moins 100 mg/nm3 d’émission de poussière ». 3000 personnes sont employées directement, dont 1000 dans le processus de fabrication du ciment en lui-même, et 2000 dans le transport de la matière première. Et au moins 5000 emplois indirects sont induits.
« Avec les 14 communautés avoisinantes, nous avons mis sur pied une plateforme de coopération, avec des responsabilités. En tant qu’entreprise, nous réalisons des actions citoyennes dans la construction de routes et écoles, l’adduction en eau potable, nous garantissons l’emploi aux ressortissants de la localité », estime Sunday Adondua, le directeur général adjoint, en charge de la production. Il ajoute, un tantinet chauvin : « Quand nous serons complètement installés dans les pays africains, notamment au Cameroun, les communautés se rendront compte effectivement, qu’il y a un businessman qui a apporté du changement dans leur vie ».
La cimenterie d’Ibese jouit du savoir-faire d’une équipe à vocation internationale, qui va piocher majoritairement en Asie, mais aussi en Allemagne, aux Etats-Unis…, pour la partie installation des équipements. En effet, si le management est indo-nigérian, des constructeurs chinois terminent actuellement la 2e phase de la cimenterie. Qui pourrait permettre de passer de 6 millions à 12 millions de tonnes par an. Un ambitieux programme de transfert de technologies est en cours, notamment à la salle de contrôle, pour que, dans les prochains mois, les mains chinoises fassent place aux mains nigérianes.
