La cargaison, vendue aux enchères, provient d’un bateau ayant franchi une zone interdite à la pêche industrielle.

Ambiance foraine hier, en fin de matinée à la Base navale de Douala. En quelques minutes, la nouvelle de la vente aux enchères de 4 tonnes de poisson frais a traversé toute la ville. Militaires du rang, officiers, restauratrices de Bonanjo et ses environs, particuliers et de nombreux anonymes sont tous dans les rangs. Chacun voudrait se faire enregistrer pour acheter au moins un sac de 20 kilogrammes de poisson saisis à bord d’un chalutier appartenant à l’armateur Bertin Bokagné mais conduit par un équipage chinois.

De sources officielles, « tout serait parti d’une protestation violente entre pêcheurs de la localité de Yoyo et l’embarcation de pêche ». Alertés, les éléments de la Base navale sont dépêchés sur le terrain pour porter secours à ce « navire en danger ». Les populations du campement de Yoyo, des pêcheurs dans leur majorité, se plaignant de ce que le bateau a endommagé leurs filets, tentent alors de mettre le feu au bâtiment. L’armée arrive à temps et remorque le bateau et ses occupants jusqu’à la Base navale.

Au bout de l’enquête conduite par le premier adjoint préfectoral du Wouri et quelques délégués régionaux, les autorités concluent que « la chaloupe s’est retrouvée aux abords de la côte, dans une zone interdite à la pêche industrielle ». En d’autres termes, elle « a pénétré dans la zone de trois miles qui séparent la côte de la mer où les poissons viennent généralement se reproduire », explique un fonctionnaire du ministère des Pêches et des Industries animales. « En pareille circonstances, les produits indûment récoltés sont vendus aux enchères. Et des pénalités infligées à l’armateur », indique l’adjoint préfectoral. C’est ainsi que la cargaison de poisson a été confisquée et vendue. D’où l’affluence observée hier dans ce lieu de haute sécurité.