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Dossier de la Rédaction

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53 milliards de à recouvrer par Crédit foncier

Une campagne spéciale lancée en direction des particuliers débiteurs: les explications du directeur général du Crédit foncier du Cameroun (CFC), Jean Paul Missi.


Depuis le 15 octobre dernier, le Crédit foncier du Cameroun (CFC) a lancé sur l’ensemble du territoire national une campagne spéciale de recouvrement des créances dues. Dans un communiqué publié mercredi dernier, le directeur général de l’entreprise, Jean Paul Missi, invite les clients en impayés à prendre l’attache de ses services, avant le début de la campagne, en vue de l’examen de leur situation. Ceci, afin d’éviter les désagréments susceptibles d’être générés par cette opération, notamment la saisie éventuelle des immeubles financés ou pris en gage. A titre exceptionnel, ajoute le communiqué, des remises de pénalités de retard pourront être accordées pour tous les paiements intervenus spontanément, à compter de la publication du communiqué cité, et ce jusqu’à la fin de la campagne.

La campagne en cours va se dérouler sur 45 jours. Cette phase est dite active, avec des missions de recouvrement qui vont sillonner les dix régions du pays. Les descentes sur le terrain visent deux objectifs, d’après le directeur général du CFC. D’abord récupérer les sommes dues. Ensuite, permettre d’assainir la situation du portefeuille en rapprochant et en actualisant les données. Pendant la deuxième phase qui suivra, avec des modalités différentes, il sera question, à terme, d’arriver à un apurement de la situation qui plombe depuis longtemps le portefeuille de l’entreprise. « Quand on a des dettes dont certaines ont l’âge même de l’entreprise, il faut bien se déterminer sur leur sort. Nous devons aboutir à une classification de ces créances qui sont recouvrées, soit en impayés, soit en arriérés, soit en créances irrécouvrables ou compromises », explique le Dg du Crédit foncier.

Afin de lever un pan de voile sur la répartition du montant total des sommes à recouvrer, entre la clientèle constituée des institutionnels (Etat, SIC, collectivités) et des particuliers (clients ordinaires visés par la campagne spéciale de recouvrement en cours), ainsi que sur la stratégie à mettre en œuvre selon les cas pour apurer les impayés qui se sont accumulés au fil des années.


« C’est un devoir citoyen de rembourser »

Les explications du directeur général du Crédit foncier du Cameroun (CFC), Jean Paul Missi.

Vous avez lancé le 15 octobre dernier une campagne spéciale de recouvrement des créances dues au CFC. Quels sont les contours de cette opération ?

Si je dois clairement exprimer l’objet de cette campagne, permettez que j’en fasse un petit historique pour qu’on comprenne bien comment on en est arrivé là. Le contexte actuel est caractérisé par la mise en œuvre des grandes réalisations. Dans le volet de l’habitat social qui nous concerne en particulier, il y a un programme gouvernemental de 10 000 logements et de 50 000 parcelles auquel il faut associer d’autres programmes des privés qui nécessitent naturellement des besoins de financements importants.

La deuxième chose, c’est la situation financière de l’entreprise qui n’est pas reluisante. Les charges d’exploitation sont très élevées. Le CFC fait l’objet d’un plan de restructuration avec la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC). Dans ces conditions, toute mesure permettant de ramener les choses à la norme est bienvenue. Le CFC est une institution publique à caractère bancaire née à la fin des années 70 et chargée de financer des projets de logement sociaux en particulier. De ce point de vue, elle bénéficie d’une taxe parafiscale, une contribution prélevée sur les salaires des employés et sur la masse salariale des entreprises de l’ordre de 2,5%. Cette contribution est mise à la disposition du CFC pour financer la filière de l’habitat. Il se trouve que pour diverses raisons, l’entreprise, tant bien que mal tout au long de son histoire, a effectivement octroyé des prêts. Mais le retour des fonds n’est pas assuré.

Qu’est-ce qui peut expliquer le cumul des prêts non remboursés ?

Il y a plusieurs raisons, mais je voudrais m’appesantir sur quatre considérations qui justifient le cumul. Il y a d’abord, dans l’histoire de l’entreprise, les différentes migrations successives. Le changement de logiciels de traitement de l’information et d’une migration à l’autre, il y a eu quelques difficultés. Notamment au niveau de l’assainissement des données qui sont migrées. Lorsqu’on bascule d’un système à l’autre, s’il n’y a pas une bonne préparation, vous cumulez des données non assainies qui polluent la nouvelle base de données, ce qui fait que tout au long des trois dernières migrations, nous avons traîné un lot important de données non assainies qui font qu’on n’a pas d’informations fiables. Mais, ça, c’est vite dit. Il y a un traitement qui se fait pour assainir ces données. Mais il n’en demeure pas moins qu’il reste un résidu d’informations qui font qu’on se retrouve avec des données qui ne sont pas fiables. Je ne vais pas citer ces migrations mais la dernière date de 2011. Mais ceci ne doit pas alarmer. Il y a des traitements appropriés pour cela mais ça prend du temps.

Et les autres raisons ?

La deuxième raison c’est le laxisme dans le suivi et la gestion des projets. Le principe des projets, c’est celui de prêts octroyés, puis un suivi qui permet la reconstitution du fonds prêté. Si le suivi est mal assuré, on va avoir des arriérés qui se muent en impayés, des impayés qui ne sont pas recouvrés, des informations qui sont incomplètes parce que le client n’est pas bien suivi, la mauvaise foi, le laxisme de l’entreprise. Toutes choses qui concourent à générer des arriérés et des impayés. On se retrouve avec un portefeuille non performant. Sur le troisième point, on peut dire que pendant la mise en place des différents systèmes d’informations auxquels j’ai fait allusion, le siège avait des problèmes d’interconnexion avec les agences. La transmission des données ouvrait des intervalles où on pouvait ne pas avoir d’informations bien restituées. Donc, entre des données qui sont transmises par disquette, retranscrites ici et exploitées, il y avait des marges d’erreur. Dernier facteur, pendant quelques années, avant le rappel à l’ordre de la COBAC, le CFC s’est quelque peu éloigné de ses missions originelles en offrant des services bancaires. On a permis aux citoyens d’ouvrir des comptes courants à partir desquels ils menaient des opérations, parmi lesquelles, les prêts. La gestion de ces prêts avec tout ce que j’ai évoqué, a également posé des problèmes. Tout cela a déclenché un mécanisme d’accumulation des arriérés et des impayés qui fait que malgré les efforts pour assainir, ça prend du temps. Il faut rapprocher, vérifier.

Que retenir du montant total des impayés à recouvrer ?

Nous devons distinguer deux cas. Les prêts consentis aux institutionnels à savoir l’Etat, la SIC, les collectivités, qui ne font pas l’objet de cette campagne car ils sont traités à part. Il y a des conventions qui sont signées avec l’Etat et les collectivités. Sur 53 milliards de F que nous avons comme créances, tous les acteurs confondus, on peut dire que 27 milliards de F à peu près concernent les particuliers. S’agissant des prêts accordés aux citoyens, il y a une répartition inéquitable dans les dix régions. Yaoundé et Douala viennent en tête avec des montants importants, suivies des autres villes du pays.

Qu’adviendrait-il si certains débiteurs jouent à cache-cache et refusent de rembourser ?

Je profite de cette question pour lancer un appel citoyen aux clients d’abord, pour dire que le principe classique du financement c’est qu’un guichet décaisse et encaisse. S’il y a eu une sortie d’argent, il doit y avoir un retour d’argent. Cela permet de pérenniser l’activité. C’est un devoir citoyen de rembourser des crédits qui vous ont permis de réaliser des projets qui vous sont chers. Ensuite, par solidarité pour les autres, donnez leur aussi l’occasion de réaliser leurs projets, sinon, après vous, vous mettez le feu. Troisièmement, je voudrais leur rappeler que ces crédits qui leur ont été octroyés proviennent du prélèvement parafiscal que j’ai évoqué, sur les soldes des salariés et sur la masse salariale des entreprises. Cela veut dire que ces financements qu’ils ont obtenus à des conditions les plus favorables du marché sont le produit de la solidarité nationale. C’est un dépôt sacré. Nous avons donc l’obligation, par devoir civique, par citoyenneté, de rembourser les crédits qui vont concourir à faire progresser le Cameroun. Il faut créer une mobilisation autour de ce qu’on peut appeler une cause nationale autour du logement social.

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