Bannière

Newsletter


Publicité

Bannière
PUBLICITE

Dossier de la Rédaction

PUBLICITE
Bannière

Le poulet se fait rare sur le marché

A deux mois des fêtes de fin d’année, la volaille est moins disponible et les prix augmentent sans cesse.


Aujourd’hui, trouver du poulet au marché est devenu éreintant. « Avant, quand j’arrivais au marché, les vendeurs accouraient pour me proposer du poulet. Mais, la semaine dernière, ce n’était pas le cas. Quand j’ai donné mon prix, la vendeuse s’est retournée sans même marchander », explique cette ménagère. Finalement, pour avoir du poulet, il lui a fallu débourser 3 500 F. En effet, le poulet est rare et cher sur les marchés de Yaoundé. Il faut débourser 2 300 F pour un poulet de chair de 40 jours au maximum au marché des poulets de Mvog-Ada. Au fur et mesure qu’on progresse dans l’âge, le prix de la volaille augmente et peut aller jusqu’à 15 000 F. La poule pondeuse qui, un mois plus tôt coûtait 2 500 F, s’obtient actuellement à 2 800 F en moyenne sur ce même marché qui approvisionne les autres marchés de la ville. Commerçants et éleveurs de volaille indexent la cherté des intrants pour expliquer la hausse des prix du poulet. « Le sac de provende qui coûtait 15 000 F est aujourd’hui vendu à 17 000 F », explique un vendeur pour qui la situation risque de s’aggraver.

L’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic) devrait procéder dans les tous prochains jours à la distribution des poussins d’un jour aux éleveurs. Durant cette opération prévue jusqu’au 6 novembre prochain, le poussin d’un jour sera vendu à 350 F, un prix bien en deçà de celui pratiqué actuellement par les accouveurs (entre 450 et 600 F). En retour, ceux-ci s’engagent à ravitailler les marchés-témoins de vente promotionnelle de poulet durant les prochaines fêtes de fin d’année. Ces poussins distribués par l’Ipavic lui sont fournis par les accouveurs ayant reçu la subvention accordée par l’Etat en 2008 pour la reconstitution de leur cheptel de parentaux et dont les déblocages ont été effectifs en début d’année, soit 450 millions de F répartis entre sept accouveurs, sur les 600 millions attendus.

Alors que l’opération de distribution est imminente, certains n’ont toujours pas produit les poussins. De sources bien introduites au ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia), où une enquête a été initiée en collaboration avec la cellule de lutte anti-corruption, tout l’argent reçu n’aurait pas encore été utilisé aux fins prévues, d’où le déficit observé en poussins de chair d’un jour. Mais, du côté des accouveurs, on accuse un retard dans la réception des subventions. C’est le cas chez Africhiks qui déclare avoir reçu ses 50 millions en mai dernier. « Les parentaux que nous avons vont probablement rentrer en production en avril 2013 », confie Félix Kam, directeur général de la structure. En attendant, cet accouveur qui produit 10 000 poussins de ponte et de chair d’un jour par semaine, vend actuellement un poussin importé entre 525 et 575 F. Néanmoins, certaines structures ont déjà commencé à livrer les poussins subventionnés à l’instar du Complexe avicole de Mvog-Betsi où la prochaine éclosion est prévue le 5 novembre.

« C’est un phénomène habituel »

Jean Paul Fouda Ottou, Secrétaire permanent de l’Interprofession avicole du Cameroun.

Qu’est-ce qui explique la rareté du poulet sur le marché actuellement ?

Elle est due essentiellement à un certain nombre de phénomènes. Le premier, c’est le développement des rôtisseries. Ces commerçants qui veulent de petits poulets ont des gens qui interceptent le gabarit du poulet qu’ils veulent à la ferme. Le producteur n’arrive donc pas sur le marché où la ménagère s’approvisionne. Une situation qui arrange le producteur, puisque c’est un cycle d’élevage réduit entre 37 et 42 jours maximum. Il arrête la charge alimentaire compte tenu du fait que les intrants ont augmenté. Face à la crise des autres protéines animales au niveau de leur disponibilité quantitative sur le marché, toute la demande nationale en protéine s’est reportée sur la viande de volaille, entraînant ainsi une augmentation de la demande par rapport à l’offre. Il faut aussi souligner que nous sommes au moment où les fermes se sont vidées, dans la perspective de mise en place des bandes qui seront vendues pendant les fêtes de fin d’année. C’est un phénomène qu’on a l’habitude de connaître chaque année. Mais, cette année, avec l’augmentation de la demande, il est plus visible.

Vous vous apprêtez à distribuer du poussin subventionné aux éleveurs. En disposez-vous suffisamment ?

Ça c’est encore un autre problème parce qu’à la dernière minute, il y a un opérateur qui nous a opposé le fait qu’il n’a eu la subvention qu’au mois d’avril. Par conséquent, la bande de reproducteurs qu’il pourrait mettre en place ne pourra être en production que vers la fin de l’année. Donc, il a reporté la mise à notre disposition des 25 000 poussins qu’il devait nous donner l’année prochaine.

Cela n’affectera-t-il pas justement les quantités de poulets disponibles pendant les fêtes de fin d’année ?

Evidemment. Mais, je dois dire que ces quantités, lorsqu’on les avait fixées, nous avions arrêté un certain nombre de mécanismes. L’interprofession avicole devait, à l’occasion des fêtes de fin d’année et dans les marchés-témoins, vendre 500 000 poulets. Cette vente avait pour objectif d’induire la baisse des prix sur les autres marchés pour atténuer les effets spéculatifs. La convention d’appui des producteurs de poussins signée en 2008 parlait d’un montant d’un milliard de F. Il y a eu une évolution. Je vous disais tantôt que ce sont 450 millions de F qui ont été débloqués, avec un bénéficiaire qui n’est pas producteur. Cela réduit la quantité de poussins subventionnés qui doit être mis à la disposition des éleveurs. Mais, nous devons dire qu’il ne s’agit pas de la production totale du Cameroun. Le reste de la production vendue dans les conditions normales sera disponible sur le marché.

n’ont pas eu la chance de s’approvisionner en poussins subventionnés puissent le faire avant le 5 novembre. L’augmentation de la production de poulet implique aussi une demande plus accrue d’intrants, notamment le maïs et le tourteau de soja, avec pour effet le renchérissement du prix final au consommateur. Le poulet peut être disponible, mais l’accessibilité posera un problème. J’étais dans les marchés et ce que j’ai vu laisse présager un peu de turbulences sur le panier de la ménagère pendant les fêtes de fin d’année.

Est-ce à dire que la fin de la pénurie de poulet n’est pas proche ?

Je ne sais pas si on peut parler de la fin de la pénurie. Nous avons fait un plan de relance avec l’Etat. De 2008 à 2010, on a géré les aspects conjoncturels et l’Etat donnait des œufs à couver qui étaient incubés localement pour augmenter la production de poussins et en fin d’année, soutenait la ménagère en prenant en charge une partie de la dépense de celle-ci. Mais, la manière donc cet accompagnement structurel s’est déroulé, ne nous garantit pas les résultats. Il faudrait aller en profondeur et pourquoi pas, encourager l’installation de nouveaux opérateurs au niveau de l’accouvage et de la transformation. Entre avril et juillet, il y avait assez de poulet sur le marché et il se vendait en deçà de son prix de revient. Les accouveurs dont on parle et dont la capacité de production n’est pas suffisante par rapport à l’offre étaient obligés de détruire quelques poussins. S’il y avait une usine d’abattage ou un système de régulation, le circuit aurait racheté ce surplus de production, l’aurait stocké et en période pénurie, cela se serait retrouvé sur le marché, pour ramener les prix à un niveau acceptable. Tant que nous ne sommes pas allés dans ce processus, nous allons toujours avoir une alternance des périodes de fortes pénuries avec des périodes d’abondance, ce qui n’encourage pas la stabilité dans la filière.

Commentaires (0)
Seul les utilisateurs enregistrés peuvent écrire un commentaire!

!joomlacomment 4.0 Copyright (C) 2009 Compojoom.com . All rights reserved."



haut de page  
PUBLICITE
Bannière