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Dossier de la Rédaction

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Une conquête-symbole

Il n’y a pas de petite victoire. Sur la route de la conquête de l’égalité hommes-femmes, les femmes camerounaises savent que s’il est des acquis importants engrangés, la route est encore longue. Mais sur ce parcours d’obstacles,

il est des étapes-symboles comme celle qui vient de voir la nomination ce 22 octobre 2012, par le président de la République, de la première femme préfet, et de la toute première secrétaire générale des services du gouverneur.Une femme préfet, cela peut ressembler à un banal renouvellement de personnel dans le commandement, et pourtant… Dans notre contexte, la promotion de ces deux dames est de la même amplitude que l’accession d’un homme noir à la tête du pays le plus puissant du monde… Parce qu’il y a dans les résistances sociales à la promotion des femmes quelque chose d’irrationnel qui rappelle le blocage psychologique d’une certaine Amérique à l’avènement d’un président noir…

Le symbole de cette double promotion parlera longtemps. Aux femmes elles-mêmes d’abord. A la société entière ensuite. Le président de la République vient de briser le plus grand plafond de verre qui enfermait les femmes dans des cases-ghettos, là où l’on croyait que se limitaient leurs compétences : les affaires sociales, l’enseignement, la santé.

Si ces nominations sont si emblématiques, c’est que la préfectorale était devenue le dernier bastion réservé aux hommes après que les femmes ont conquis la plupart des chasses gardées : ministres, directeurs généraux, officiers supérieurs de l’armée, pilotes, députés, maires…

Comment ne pas, malgré l’euphorie du moment, questionner ici la responsabilité des pionnières ? De leur engagement dans l’action dépendra en effet le sort de milliers d’autres postulantes. Car si un acte présidentiel brise le plafond de verre, les réticences de la société et des mentalités mettent bien plus de temps à se dissiper.

Ne nous voilons pas la face. La décision du président de la République de favoriser l’irruption des femmes dans la sphère décisionnelle dans tout le champ d’activité publique, définit de nouveaux rapports de force sociaux. Entre hommes et femmes naît l’ère de la compétition et du soupçon. Tradition ou pas, les hommes ne partageront pas de gaieté de cœur un pouvoir qui leur était acquis. Pourvu que cette saine émulation produise la compétitivité dont notre société a tant besoin pour sa marche en avant. C’est aussi cela le but du jeu.

Seules la détermination, l’efficacité des pionnières pourront en définitive avoir raison des a priori et des idées reçues sur la valeur intrinsèque des femmes. Nul doute que nos sœurs de la préfectorale auront à cœur ce souci d’exemplarité. D’autant qu’il reste encore un palier important à franchir, celui du gouvernorat de Région.

Au plan politique, ce formidable coup de pouce de l’exécutif fonctionnera comme un véritable ascenseur social envoyé aux femmes. Il est surtout la preuve de la volonté politique du président Biya qui, dans le passé, n’a pas hésité à utiliser le terme «parité» pour camper la société égalitaire qu’il entendait construire. «Notre vision du développement, déclarait-il au 3e congrès ordinaire du RDPC, a toujours considéré la promotion du genre féminin comme un facteur prioritaire de notre réussite collective. Ce que nous projetons à l’horizon 2035 va plus loin.

- Nous souhaitons réduire les pesanteurs que comportent certaines coutumes et traditions […]

Sous mon impulsion, la participation de la femme aux processus de décision s’est nettement améliorée. Nous allons la faire progresser encore aux plans politique, administratif et professionnel».

Il reste toutefois important au-delà des actes présidentiels et toute leur charge symbolique, que les metteurs en musique de la politique des Grandes Réalisations traduisent plus souvent dans leur propre gestion des affaires du pays cette volonté de porter la femme camerounaise aux nues. Lorsqu’elle le mérite.


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