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Dossier de la Rédaction

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Science utile

Un pays qui aspire à l’émergence dans moins d’un quart de siècle doit se donner les moyens pour sortir d’une économie de subsistance et entrer de plain-pied dans l’ère de la production des biens et des services, principaux générateurs de richesses pour un bonheur partagé. Le gouvernement semble avoir compris que l’accomplissement d’un aussi grand dessein national passe par l’appropriation de la science et de la technologie au service du développement global. D’où la récente signature d’un protocole d’accord entre le ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique et l’Université de Yaoundé I, à travers l’Ecole nationale supérieure polytechnique en vue de conjuguer leurs efforts pour mieux valoriser les fruits du travail ardu de nos chercheurs et autres inventeurs malheureusement peu connus du grand public. En mettant particulièrement l’accent sur des domaines porteurs comme la mécanisation des techniques agricoles et les BTP, cet accord vient à point nommé sceller un partenariat attendu depuis longtemps pour enfin rendre plus visibles les avancées du Cameroun en matière d’innovation. Il est évident depuis longtemps que nos hommes de science ne manquent ni d’ingéniosité, ni d’inventivité. Il est loisible de constater que nos établissements d’enseignement supérieur croulent littéralement sous le poids des résultats des recherches innovantes dans des domaines aussi divers que l’agronomie, l’agro-industrie, l’architecture, les travaux publics, l’informatique, la médecine, le management, etc. Lors des séances d’exposition ponctuelle et autres Journées portes ouvertes organisées dans certaines structures de recherche, le visiteur est souvent agréablement surpris en découvrant la vaste panoplie des inventions et autres « trouvailles » qui, mieux exploitées, auraient pu améliorer l’ordinaire du consommateur. Sans être exhaustif, on est parfois surpris d’apprendre que du beurre, du vin, du pain, des panneaux solaires, des générateurs d’énergie éolienne, des engins de locomotion et autres programmes informatiques sont fabriqués au Cameroun à partir des composantes entièrement ou partiellement d’origine locale. L’organisation régulière des Journées technologiques nationales par le Minresi a permis de rendre plus visible le savoir-faire de nos spécialistes de l’ombre qui œuvrent à la conception ou à la création des connaissances, des produits, des procédés, des méthodes et des systèmes nouveaux. Mais le hic, c’est que ces inventions se limitent très souvent au prototype alors que l’idéal serait de passer de l’échantillon à la production de masse. La principale différence entre les pays développés et les autres, c’est la capacité des premiers à négocier le difficile passage du prototype à la production de masse. L’étude de leur trajectoire historique révèle qu’une telle transition n’a été possible qu’à travers l’industrialisation. Ce qui suppose une véritable révolution aussi bien au niveau des mentalités qu’à celui des mutations socio-économiques pour passer d’une économie de rente, voire de cueillette à une économie moderne de production. Sans minimiser l’importance du secteur primaire, il est loisible de constater que l’atteinte du seuil industriel a marqué le décollage économique de plusieurs pays émergents qui nous servent aujourd’hui de modèles. Nos universités, centres de recherche et laboratoires ont suffisamment prouvé de quoi ils sont capables. Le catalogue national d’inventions en tous genres est bien fourni. Le vrai défi aujourd’hui, c’est d’acheminer les fruits multiformes de la recherche et de l’innovation des tiroirs des laboratoires vers des ateliers et usines pour en faire des produits de consommation courante par le biais de l’indispensable transfert de technologies qui marque encore le pas chez nous. Au-delà de la volonté politique, il reste à résoudre l’équation des ressources matérielles et du savoir-faire technique.

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