Il est cependant avéré que de nombreux électeurs potentiels ne possèdent pas ce sésame. De source policière, plus de 20 000 cartes nationales d’identité informatisées sont en souffrance dans les commissariats et autres postes d’identification dans la capitale politique. Plusieurs CNI y traînent depuis des années et dans de nombreux cas, elles sont périmées. En d’autres termes, les titulaires ne sont pas en possession de ces cartes nationales d’identité. Ils ne peuvent donc pas s’en servir le cas échéant. Dans la région de l’Est, il y a quelques mois, des voix se sont élevées pour demander la réinstauration de la gratuité de la carte nationale d’identité informatisée, dans la perspective de la refonte biométrique des listes électorales dont les opérations étaient alors en cours de préparation.
Cette situation ne va pas sans susciter au moins une lancinante interrogation. Comment l’expliquer, alors que de multiples initiatives ayant toutes pour objectif de faciliter l’accès des populations à la carte nationale d’identité informatisée avaient été mises en œuvre l’année dernière, en 2011, dans la perspective du scrutin présidentiel ? Parmi ces initiatives, il est loisible d’évoquer, sans être exhaustif, la gratuité instaurée pour une période précise par le président de la République ; la création des équipes mobiles d’identification ; les campagnes dédiées financées par des élites au profit des habitants de leurs localités d’origine. Toutefois, le bilan officiel de ces initiatives n’est pas connu. Les réalités évoquées, dont l’ampleur n’est non plus connue selon les régions, attestent que le problème demeure.
Dans le cadre de l’opération de refonte biométrique des listes électorales en cours, Elecam a fait connaître son ambition d’inscrire près de huit millions d’électeurs. Ce résultat est conditionné, en partie, par la possession et la présentation du sésame d’inscription, la CNI, par tout électeur potentiel. La mobilisation pour l’accès des électeurs potentiels à la carte nationale d’identité informatisée apparaît, dans ces conditions, comme un des objectifs importants et immédiats des principaux acteurs de l’opération en cours dont la fin est annoncée pour février 2013. Elecam, les partis politiques, les ONG concernées, les élites et les chefs traditionnels, qui ont œuvré dans ce sens par le passé, ne sauraient rester indifférents à cette interpellation. Bien entendu, cette interpellation concerne au premier chef le citoyen lui-même. La carte nationale d’identité ne lui sert pas seulement pour l’inscription sur les listes électorales. Elle est aussi nécessaire pour son identification en cas de besoin, mais surtout pour de nombreuses transactions de la vie quotidienne.