Dans ce contexte, on ne peut que saluer la récente mesure du ministre des Forêts et de la Faune portant suspension de l’exploitation des deux essences citées plus haut dans le domaine national. Même si les effets de la décision ministérielle sont limités dans le temps. Pour autant, la démarche n’en participe pas moins du souci des pouvoirs publics de veiller à une gestion rationnelle du riche patrimoine forestier national. Au risque d’assister, sans réaction, à plus ou moins brève échéance, à un dépérissement inévitable de la flore et de la faune. Avec des conséquences désastreuses prévisibles sur l’écosystème, mais aussi sur les hommes dans un environnement d’ores et déjà soumis à une menace de destruction, dont les premiers signes sont plus que palpables.
D’aucuns égrènent, non sans nostalgie, les souvenirs lointains d’une époque enchantée où l’homme pouvait, sans effort excessif, trouver dans les eaux des rivières aussi bien que dans les forêts et clairières des ressources suffisantes et variées pour sa survie, voire son bien-être. Plus rien aujourd’hui de ce paradis perdu. Certaines espèces animales ne sont plus visibles désormais que dans le cadre très restreint des aires protégées. Encore que celles-ci ne soient pas totalement à l’abri des prédateurs, ainsi que l’a prouvé à suffire il y a quelques mois, le carnage d’une rare violence contre les éléphants au parc national de Bouba Ndjida.
Les enjeux, dès lors, n’en sont que plus pressants. D’autant que, côté forestier, certaines essences précieuses sont en voie d’extinction. A l’instar du « moabi » qui, longtemps, a entretenu l’euphorie parmi les exportateurs des bois tropicaux. Autant dire que l’arrêté du 9 novembre dernier, qui fait suite à une mesure similaire du 20 avril 2011, devrait se traduire par des actions concrètes et énergiques en vue d’une préservation efficiente de notre patrimoine forestier. Un secteur d’activité reconnu juteux pour ceux qui y opèrent avec, il faut le déplorer, une capacité de nuisance avérée. Le transport du bois par route autant que l’exportation de ce produit en grumes auraient dû s’arrêter des lustres déjà. Les deux opérations se poursuivent sans relâche. Alors qu’il est établi qu’une transformation, même sommaire du bois, serait un précieux gisement d’emplois ainsi qu’une source de plus-value bénéfique à l’économie nationale. Gageons que le ministre saura trouver en lui la ressource suffisante pour mener à bien une entreprise hardie qui engage notre devenir commun.