Une rencontre des journalistes des deux pays a eu lieu la semaine dernière à Yaoundé.

Cette année, c’était au Cameroun d’abriter le "dialogue des médias", un concept du ministère germanique des Affaires étrangères et de la Deutsche Welle Akademie pour promouvoir les échanges entre les journalistes. Pendant toute la semaine dernière, à la Fondation Friedrich Ebert, des tables rondes ont été organisées sur des thèmes concernant le passé commun et les problèmes de développement du Cameroun. D’imminents enseignants comme Jean Emmanuel Pondi, David Simo, Pascal Temgoua, ont rappelé aux journalistes la période allemande au Cameroun. Un passé à la fois douloureux et nostalgique.

Du contact avec ces colons, le Cameroun garde des traces. Indélébiles ! C’est pendant l’occupation germanique que la souveraineté territoriale du pays est acquise avec la négociation des frontières. C’est par les Allemands que le christianisme s’est installé. Les bases de l’économie nationale remontent à cette époque avec la création de la CDC (Cameroon Development Corporation). Les traces du passé allemand, c’est surtout les séquelles de leurs méthodes brutales. On en garde des épisodes sanglants allant des exécutions collectives à la déportation en passant par des fusillades et les pendaisons. La plus mémorable reste celle de Rudolf Douala Manga.

-Les travaux en atelier entre les journalistes

Le lien entre le dialogue des médias et ce passé ? Xavier Messe, directeur de publication de Mutations, participant à cette rencontre, pense qu’il est évident. Du moins il en attend bien des choses. Il argumente : « L’Allemagne a provoqué deux guerres mondiales qui ont fait beaucoup de morts. Installés dans le Sud-Ouest africain au début du XXè siècle, les Allemands ont provoqué des carnages. Puis ils se sont emparés du Rwanda, du Burundi, de la Tanzanie, du Cameroun où ils ont continué des exactions... L’Allemagne, devenue une grande puissance cherche peut-être à se réconcilier avec le reste du monde. Aller vers les pays à travers ce concept de dialogue des médias, accepter qu’on leur ressasse ces souvenirs difficiles est un exercice d’exorcisme qui n’a pas de prix. Dans cette opération de charme, on peut se permettre de rêver d’une nouvelle Allemagne et cela passe par des investissements ». Carine Debradandère, de la Deutsche Welle Akademie souligne quant à elle que l’idée sous-jacente est de faire tomber les clichés que les uns ont pour les pays des autres et d’éveiller l’intérêt sur les thèmes sélectionnés.