Le tubercule se fait rare et ne se vend presque pas dans les marchés de Yaoundé bien que ce soit la saison.
Marché du 8e de Yaoundé, 8h. Le marché bat son plein. Pourtant, ce n’est pas la grande affluence devant l’étalage de Ramosi Alaka, qui vend des ignames au détail. Les clients se comptent au bout des doigts. Et pour cause, la denrée coûte non seulement cher mais n’abonde pas. « Il n’y a pas assez de tubercule dans les différents points de vente en gros. Pourtant, c’est la période de production. La récolte a été faible cette année à cause du retour tardif des pluies, » explique le commerçant.
Les rares clients qui s’approvisionnent auprès des commerçants déboursent malgré eux des sommes qu’ils trouvent faramineuses. « J’achète à présent le tas d’ignames de 5 000 F afin de satisfaire mes clients. Alors qu’il y a quelque temps, celui de 3 000 F était suffisant, » explique Kadige, restauratrice. Karine, ménagère, a décidé pour sa part de mettre un trait sur ce féculent qu’elle apprécie pourtant. « Je ne peux plus me permettre un tel luxe. Ma ration journalière s’élève à 3 000 F et ne me permet pas d’acheter les ignames aux prix fixés. J’ai une grande famille. Je vais attendre que les prix baissent. »
Malgré la rareté de la denrée, on retrouve néanmoins la majorité des espèces. Les ignames à boucle sont celles qui proviennent de la région de l’Ouest. Elles sont rares dans les marchés en raison du manque d’intérêt des clients. « Les consommateurs la trouvent moins savoureuse parce qu’elle a un goût amer, » avoue Souleyman N., détaillant. Un tubercule de cette variété se vend à partir de 1 500 F. Les ignames blanches et jaunes proviennent dans le grand Mbam et sont prisées par les ménagères. Elles coûtent entre 2 000 F et 5 000 F le tas de cinq tubercules, en fonction de la grosseur de l’igname. Pourtant en période d’abondance, le tas de trois petits tubercules se solde à 500 F et celui de cinq tubercules, entre 1 000 et 3 000 F. La vente en gros s’élève à 8 000 F la cuvette contre 6 000 F en période de profusion.
Les ignames possédant de longues racines tirent leurs origines du Sud-ouest (Muyuka). Elles ont meilleur goût selon Souleyman N. et coûtent plus chers. Ici, le tas de six tubercules est vendu à 5 000 F uniquement. Pour la vente en gros, le tas revient à 65 000 F. Pendant la période de foisonnement le tas du tubercule vaut entre 1 000 et 4 000 F et le tas de gros revient à 45 000 F. Les ménagères, les restaurateurs et les voyageurs sont les principaux clients de Ramosy A. Le commerçant avoue rentrer dans ses dépenses malgré la rareté de la denrée : « Je vends au moins la marchandise de 50 000 F et totalise un bénéfice de 10 000 à 15 000 F par jour, selon les activités. »
