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Dossier de la Rédaction

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De fausses signatures mises à jour dans l'Affaire Serges Kaptue Tagne

Elles expliqueraient comment des deniers publics ont servi des engagements personnels de l’accusé.

C’est à un véritable cours de finance que l’on a assisté hier matin au Tribunal criminel spécial. Dès 9 h 15, à l’ouverture de la deuxième audience de l’affaire Ministère public et Etat du Cameroun (Projet de renforcement des initiatives pour la gestion communautaire des ressources forestières et fauniques, RIGC) contre Serges Kaptue Tagne, pour détournement de deniers publics, des employés de Afriland First Bank, où était logé l’argent du projet, se sont succédé à la barre. Des heures durant, ils se sont expliqués sur la gestion et les mouvements des fonds PPTE domiciliés dans ce compte, au point de disparaitre complètement. Au bout de cinq heures d’échanges entre ces témoins de l’accusation et les conseils de l’Etat du Cameroun notamment, l’on a enregistré des révélations diverses.

D’abord, le compte du projet RIGC a été ouvert sous le nom de Camdev/ Projet RIGC, au lieu de projet RIGC tout court. En violation des dispositions de la convention tripartite liant les ministères des Finances ; des Forêts et de la Faune et la société civile Camdev pour la gestion de ce projet. Ensuite, le tribunal apprend qu’il existait en réalité deux comptes portant le même nom. Un compte principal, où les Finances avaient versé près de 3 milliards de F pour le fonctionnement du projet. Et un compte secondaire, né de la mise à « Dépôt à terme » (DAT) des fonds du premier compte. L’un des témoins, Stéphanie Hervé Ngon, gestionnaire des comptes entre 2009 et 2010, explique que « un DAT est une sorte d’épargne bloquée des fonds existants dans un compte et offrant des intérêts au titulaire dudit compte ». D’où la question : « qui a donné l’ordre de faire un DAT avec des deniers publics ? », demande le procureur général. Le directeur des affaires juridiques de la banque a alors produit des documents signés de toutes les parties autorisées à la gestion du compte, dont l’ex-Minfof, Elvis Ngolle Ngolle et le coordonnateur du projet. Sauf que ni l’un ni l’autre ne reconnaissent avoir signé ce document… D’ailleurs, l’un des conseils de l’Etat du Cameroun affirme que « c’est visible à l’œil nu, les signatures du ministre ont été grossièrement imitées. Et la banque ne pouvait l’ignorer».

Il faut signaler que, selon le premier témoin de l’accusation, Denis Bene, coordonnateur du projet RIGC, « c’est en fin 2009, avec des rentrées de chèques impayés que je me rapproche du responsable de Camdev pour comprendre. Il m’a expliqué que c’est parce qu’il a pris des engagements dans un autre compte que la banque lui fait cette pression ». Courant 2010, il apprend qu’en réalité, les fonds du projet ont fait l’objet d’un DAT, d’où les chèques impayés. Et selon les employés de la banque, ces mêmes fonds ont également été constitués comme garantie d’un autre compte, dénommé Camdev/Télécom, débiteur de deux milliards de F. De ce fait, lorsqu’à la demande du Minfof, la banque a procédé à la tombée du DAT du compte du projet, soit 1,7 milliard plus des intérêts générés de 38 millions, l’argent ainsi remis à disposition a automatiquement été débité en faveur du compte Camdev/Télécom.

Face à toutes ces irrégularités et supposés faux documents, le procureur général estime qu’il y a suffisamment d’éléments pour que l’accusé présente sa défense. Mais les conseils de l’Etat du Cameroun suggèrent au juge d’ordonner un complément d’information avant de poursuivre les débats. L’affaire a donc été renvoyée à jeudi 29 novembre prochain, pour statuer sur cette proposition.


 

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