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Dossier de la Rédaction

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Ensemble, réaliser le possible

André Brink, le célèbre écrivain sud-africain de langue afrikaans, grand dénonciateur de l’apartheid, auteur de « Une saison blanche et sèche », écrivait en 1999 dans le Mail and Guardian, au lendemain de l’élection du second president sud-africain noir, Thabo Mbeki: “Nelson Mandela a réalisé l’impossible. A Thabo Mbeki maintenant de réaliser le possible. »

La volonté d’avancer ensemble affichée le week-end dernier à Yaoundé par les présidents Biya et Obiang Nguema Mbasogo nous amène à oser ce parallèle : « Une certaine génération d’Africains a réussi l’impossible : arracher l’indépendance politique aux puissances coloniales, puis jeter les bases de l’Etat-nation. Aux leaders contemporains de réaliser le possible : l’éveil des peuples à une conscience africaine, la prospérité commune, à travers la construction d’économies intégrées et complémentaires, à même de favoriser la compétitivité de l’Afrique, dans une mondialisation où triomphent l’esprit grégaire et la politique des grands blocs. »

On ne pouvait en effet qu’être séduit par l’initiative de nos deux hommes d’Etat, ce vendredi à Yaoundé, de se rencontrer, pour échanger, faire avancer les projets communs, initier de nouveaux, créer une structure de suivi et de financement de ceux-ci. Les observateurs ne pouvaient qu’être alertés au sens positif du terme, par leur discours même. Loin des incantations et des formules convenues qu’imposent les égards et le protocole, Camerounais et Equato-guinéens ont entendu leurs leaders parler de fraternité, de solidarité, de partage, mais aussi et surtout de partenariats à venir dans les domaines des logements sociaux et de l’agro-industrie, du pont sur le Ntem, notre frontière naturelle, et de la nécessité d’aller plus loin dans la coopération économique, commerciale, agricole, infrastructurelle. Du concret donc, qui dénote un souci d’inscrire la volonté politique en actes. Et de rompre un tant soit peu, avec la frilosité et l’insularité.

Dans un livre à plusieurs mains publié en 2003 sur le sujet et intitulé « L’intégration régionale en Afrique centrale », Hakim Ben Hammouda, Bruno Bekolo Ebe et Touna Mama campent opportunément la perception générale de l’intégration dans notre sous-région en ces termes : « Force est de remarquer que dans tous les domaines, les réalisations concrètes et tangibles font défaut. Aucune politique commune n’est vraiment élaborée et les éventuelles stratégies de coopération et de coordination manquent de cohérence et d’efficacité. Sur ce terrain, le déficit en matière de volontarisme intégrateur est patent, de même qu’est notable une hypertrophie excessive du champ opératoire du principe de la subsidiarité. » Ce principe, forgé par le droit communautaire européen, stipule que les solutions communautaires ne sont privilégiées que pour autant qu’elles sont plus efficaces que les solutions nationales…

Dans ce contexte, la décision des deux chefs d’Etat d’expérimenter la mutualisation des savoir-faire, des savoirs, des moyens financiers, dans deux domaines emblématiques, l’habitat social et l’agro-industrie, est un pas en avant. Un petit pas, comme le pas peu assuré de l’homme sur la lune. Mais un pas qui compte. De fait, en matière d’habitat social, la Guinée- équatoriale a une expérience à faire valoir depuis qu’elle met ses ressources pétrolières à contribution pour construire les infrastructures dans tous les domaines. Quant au Cameroun, qui clame volontiers sa vocation agricole malgré les nombreuses ressources de son sous-sol, son agro-industrie est une référence, bien au-delà des frontières africaines.

Il faudra bien, pour que ce beau projet finisse par aboutir un jour, que les hauts fonctionnaires en charge du dossier ne jouent pas la montre, mais le résultat ; que les peuples camerounais et équato-guinéens, qui ont pris de l’avance sur les politiques depuis longtemps, sachent aller au-delà des préjugés et des ressentiments que la cohabitation a générés de part et d’autre, et surtout que la volonté politique au plus haut niveau demeure intacte.

Si une coopération bilatérale est gagnante, nul doute qu’elle peut constituer un moteur et un appel à avancer dans l’intégration pour toute la zone CEMAC.

L’on a pu subodorer, sans risquer de se tromper de beaucoup, que la visite du président équato-guinéen à Yaoundé était également destinée à des consultations préliminaires avec le président Biya, l’un des chefs d’Etat les plus écoutés du continent, à la veille du 7e sommet des ACP qui se réunit bientôt à Malabo. Si tel était le cas, cette initiative serait de nature à conforter la cohésion du camp africain avant cette importante échéance. Tant mieux.

En définitive, va-t-on vers la constitution d’un tandem Cameroun-Guinée équatoriale destiné à secouer les conservatismes et les égoïsmes en zone CEMAC ? Une telle analyse serait naturellement prématurée. Ce qui peut être attesté ici de manière certaine, c’est la volonté de donner un coup de fouet à la coopération bilatérale, de dépoussiérer une certaine image que celle-ci renvoie. Cette ambition est déjà elle-même un sacré challenge.

Quant au Cameroun, première économie, premier PIB, premier marché de la CEMAC, il est loin d’une conception martiale d’un leadership sous-régional qui paraît cependant bien naturel. Grâce à la stature et à l’expérience de son président, il reste parmi ses voisins une force qui se modère, loin, très loin des batailles pour les postes et les querelles d’égo. Une force qui comme la voix intérieure, indique inlassablement que l’essentiel est ailleurs. Et qu’ensemble, nous pouvons enfin réaliser tous les possibles.

 

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