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Dossier de la Rédaction

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Corruption, écarts et démesure

On se croirait dans l’univers onirique du roman « Le pauvre Christ de Bomba » de Mongo Beti. Dans le rêve brisé d’un missionnaire européen, évangéliste d’indigènes qui, au soir de sa vie, découvre que le pôle modèle de chrétienté,

le cadre de formation des futures épouses au puritanisme religieux et au management d’un foyer conjugal qu’il a créé a été dévoyé et transformé en maison close et ses hommes de confiance mués en proxénètes.

Le rapport 2011 de la Commission nationale anti-corruption donne le tournis. Car il ne s’agit pas ici de fiction. Comment peuvent-ils faire cela ? Pourrait-on candidement se demander, à la lecture des troublantes révélations qui perlent ce document de plus de 300 pages.

Au travers de certains grands projets, l’unité de détournement des deniers publics semble se situer autour de la centaine de millions, voire du milliard. Des cas notoires. Deux projets-phares du programme « des Grandes Réalisations » cher au président Paul Biya et objet d’une grande attente des Camerounais. Le port en eau profonde de Kribi et le barrage réservoir de Lom-Pangar, deux chantiers dont le chef de l’Etat a procédé à la pose de la première pierre il n’y a pas longtemps défraient la chronique. Non pour une progression fulgurante des travaux. Mais plutôt pour la gestion calamiteuse de sommes d’argent affectées à ces projets. La Conac décline en milliards le produit de cas de détournement qu’elle estime avérés.

La Conac a enquêté à Kribi, dans la mangrove des indemnisations. L’embrouille est à la dimension des 26 000 ha à exproprier. Le rapport cite onze catégories de gros tricheurs qui ont réussi par tous les moyens à bénéficier de 500 millions à plus de 2 milliards de FCFA. D’autant que des 149 titres fonciers sur la base desquels l’indemnisation a été calculée, 44 ont été établis postérieurement au 6 février 2009, date de l’arrêté n°156/Mindaf, déclarant d’utilité publique, le site de construction du complexe aéroportuaire de Kribi. Le rapport de la Conac conclut au terme d’une minutieuse enquête que 65% des prétendus propriétaires des terres titrées ou non, élus à l’indemnisation, sont des « délinquants à col blanc ». Or, 58 bénéficiaires sur 809 cas d’indemnisation attendent chacun d’être indemnisé pour des montants variant entre 100 millions et plus de deux milliards.

Autre lieu, autre cas, Lom Pangar. Sur ce chantier, c’est par le truchement de la passation des marchés que les prévaricateurs ont sévi. Montant du butin, du moins celui qu’a pu évaluer la Conac : 2 054 717 180 FCFA (deux milliards cinquante quatre millions sept cent dix sept mille cent quatre vingt francs.

La Conac a enquêté dans plusieurs autres domaines : les banques, les ressources Ppte… Le constat demeure le même. Il y en a qui rament à contre courant de l’émergence du Cameroun.

La gestion des deniers publics, pour ces brebis galeuses, se passe comme une battue se terminant sans que la troupe ait du butin à partager, chaque chasseur ayant dissimilé sa prise. Certains responsables auxquels l’on a confié l’enviable mission d’améliorer le bien-être des populations, s’agrippent plutôt à la fortune publique comme des fourmis légionnaires à des tourteaux de noix de palme. Dans une folie d’accaparement qui leur a fait tourner le dos à l’intérêt général. Se livrant à des écarts vis-à-vis de la norme dans une incroyable démesure. En dépit de l’Opération Epervier E dépit du Tribunal criminel spécial.

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