Ces derniers basés à N’Djamena au Tchad promettaient octroyer un marché juteux à un opérateur économique résidant à Maroua.
Le nommé Michel W. revient de loin. Cet opérateur économique patron d’une entreprise de travaux publics a failli tomber dans le piège tendu par une bande de voleurs à col blanc. Selon ses déclarations, il y a environ un mois, il a été abordé par une connaissance qui lui a passé le contact d’un certain Bouba de nationalité tchadienne. Ce dernier serait Dg d’une société basée à N’Djamena au Tchad. Une société fictive. Le contact est vite noué au téléphone. On promet à Michel W. un marché de fabrication de 7 000 tables-bancs et l’entretien d’un tronçon routier de 84 km à N’Djamena. En somme, il était question d’un marché de 3,5 milliards Fcfa.
Sur rendez-vous, ce dernier débarque à Kousseri le 25 novembre. Son hôte avait promis de la loger dans un hôtel huppé de la place. C’est justement dans cet hôtel que descend Michel W., mais seulement la réservation n’a pas été assurée. Il appelle néanmoins Bouba qui lui propose la chambre numéro 404. C’est effectivement la clé de cette chambre qui a été remise au client. Quelques minutes après son installation, Bouba est arrivé en compagnie d’un certain Adji alias Commissaire, accompagné par un chauffeur. Dans leur véhicule, deux palettes d’eau minérale, un carton de boisson gazeuse, deux bouteilles de whisky et deux boîtes d’olives.
Les malfrats font croire à Michel W. que la signature du contrat a lieu le lendemain à N’Djamena. Mais avant de parapher les documents, il devra être séparément reçu par trois autorités, à savoir le ministre en charge de l’éducation, le directeur du cabinet du Premier ministre et le maire de N’Djamena. Le lendemain, les trois mousquetaires sont à l’heure au rendez-vous, et tirés à quatre épingles et à bord d’une cylindrée toute neuve. Ils signalent à Michel W. que le premier acte qu’il va poser dès l’arrivée à N’Djamena c’est d’offrir une « petite » enveloppe de 1,5 million Fcfa au responsable en charge des dossiers d’appels d’offre. Michel W. a l’intuition de s’enfermer dans sa chambre. Il joint l’un de ses frères de Kousseri au téléphone et lui explique son affaire. C’est là que ce celui-ci se souvient que 48 h plus tôt, dans cette même chambre numéro 404, les malfrats avaient dépouillé un opérateur économique en lui prenant 100 millions Fcfa. Du coup, la compagnie de gendarmerie de Kousseri et d’autres forces de l’ordre sont alertés. Un dispositif araignée est placé à l’hôtel. Les malfrats sont rattrapés et conduits à la légion de gendarmerie. La fouille de leur véhicule a permis de retrouver des couteaux, un paquet de piment et du somnifère. C’est là qu’on se rend compte que Bouba, le Tchadien disposait de quatre CNI différentes ; le Camerounais Adji, inspecteur de police retraité en avait trois. Les trois malfrats méditent actuellement leur sort à la brigade de gendarmerie de Kousseri en attendant d’être déférés à la justice.
