Les premières rencontres des peuples Mpo’o ont été organisées du 11 au 14 décembre dernier au Palais des sports de Yaoundé.

Pour cette première édition, les participants ont tablé sur l’examen des racines de chacun des Camerounais pour y trouver le connecteur logique entre toutes les tribus. Jean Emmanuel Pondi, dans un propos liminaire, a d’ailleurs invité à prendre des forces dans ces racines pour se projeter vers l’avenir. Pendant trois jours, autour de la thématique : « l’unité nationale dans la diversité, l’exemple des peuples Mpo’o », les participants ont pu disséminer la généalogie, la linguistique, les us et coutumes des peuples Mpo’o pour faire savoir que ce peuple se retrouve également au Kenya, au Zimbabwe, en Angola, en Egypte …Angèle- Hélène Melone, présidente de la fondation Melone, parle de ces rencontres dans une interview accordée à Cameroon Tribune.

« Faire exister matériellement l’unité nationale»

Angèle-Hélène Melone, présidente de la fondation Melone, organisatrice des rencontres des peuples Mpo’o.

Pourquoi des rencontres pour les peuples Mpo’o ?

Nous voulions parler de l’unité nationale dans sa diversité, l’exemple des peuples Mpo’o qui constituent une illustration d’une réalité profonde vécue par les peuples du Cameroun. La réalité est cette profonde imbrication des peuples les uns dans les autres, cette profonde unicité et unité quant à leur origine et on découvre qu’à la limite, ce seraient les parcours qui les auraient diversifiés. Mais bien plus, il s’agit de dire que lorsque le chef de l’Etat fait de l’unité nationale l’objet de son magister, on a tendance à prendre cela pour un slogan politique. Je crois qu’il s’est rendu compte très tôt que l’unité nationale est inhérente à notre pays et qu’il faut la faire exister matériellement. C’est dire que l’unité nationale est ontologique au Cameroun. Vous irez d’une communauté à une autre vous constaterez qu’il n’y a pas de grande différence.

Que visiez-vous concrètement ?

Nous voulions saisir les esprits, implanter la problématique de l’unité nationale, pousser tout le monde à réfléchir sur qui il est, quelles sont ses racines, son histoire ? Nous avons travaillé sur l’origine et l’identité des Mpo’o. Les gens ne voulaient plus qu’on s’arrête parce que l’on a fini par se demander qui est Mpo’o et qui ne l’est pas ? Au Cameroun, lorsque vous allez dans la Mvila, vous aurez les Ye-mbong qui sont les fils de Mbong. Mbong a des fils à Mouanko qui sont les Ya-mbong. Il a d’autres fils à Ndog-Bessol et à Badjock qui sont également des Ya-mbong. Ces peuples se retrouvent dans la boucle de Lovango et du Congo. Mpo’o finalement serait un concept, peut-être une appellation antique du Dieu créateur. Nous voulions nous ressourcer, appeler à la réflexion sur ce que nous sommes profondément.

Quel est donc le bilan de ces rencontres?

Ces rencontres ont été au-delà de mes attentes. Je dois dire que pouvoir, en peu de jours, réunir l’aréopage d’intellectuels auquel j’ai eu droit est une grâce exceptionnelle. Trouver le temps de travailler sur une thématique comme celle-là prouve que cela fait partie des préoccupations permanentes de plusieurs personnes. Nous avions près d’un millier de personnes pendant les quatre jours de rencontres. Certaines, découvrent certainement, mais l’on a pu atteindre un public qui s’est senti complètement concerné par cette thématique. Nous voulions communiquer sur cette thématique qui n’est qu’une mise en bouche, une ouverture d’axe de réflexion, de recherche. Le colloque que nous tenons l’an prochain en octobre 2013 sera l’objet d’un approfondissement des diverses thématiques l’une après l’autre. L’année sera riche en conférences. Finalement, tout le monde s’est senti concerné et a à cœur cette véritable unicité du peuple camerounais. Sans unité, solidarité, il n’y a pas d’émergence, pas de solidarité.

Propos recueillis par A.B.