Au moment où le gouvernement vient d’attribuer une troisième licence à un opérateur du mobile, Viettel Cameroun en l’occurrence, on apprend quelques jours après, au cours d’une conférence de presse à Douala, que rien ne va plus entre l’opérateur virtuel Eto’o Telecom et ses partenaires distributeurs.
Aïcha Ngogang de Cristalline, Louise Tala de Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. , Togio de Mdc, Marguerite Noussa Pene de Aimag et Adeline Avodou de Retail distribution affirment avoir investi plus de 200 millions de F. Et, cinq mois après le lancement des activités de ce Mobile Virtual Network Operator (Mvno), pour ces cinq femmes d’affaires, « Set Mobile ne marche pas ». Elles exigent une bonne séparation, c’est-à-dire un remboursement de leurs efforts financiers et moraux. La voie judiciaire est déjà explorée, d’après certaines sources.
Partant de l’hypothèse qu’il existe un lien étroit entre les prix pratiqués par un Mvno et sa survie sur ce segment du marché, les consommateurs ont dû constater au 21 juillet 2012, lors du lancement de Set Mobile, que son offre tarifaire était à 70 F/minute. Or ce prix s’avère positionné au-dessus des offres d’appels d’1 F/s que pratiquent son fournisseur de ressources (Orange) et l’autre opérateur Mtn. Même si chez Eto’o Télécom, on rétorque que : « 70 F/min c’est en deçà des tarifs de base d’Orange qui sont 89 F/min et Mtn à 99 F/min, sans composer un code d’accès particulier ». Il n’en demeure pas moins vrai que la niche visée par la marque Set Mobile (les jeunes en majorité et en général les petits consommateurs de téléphone qui préfèrent la facturation de l’appel à la seconde) a été désorientée par l’offre de départ de Set Mobile. Ce d’autant plus qu’au sillage du démarrage de Set Mobile, son partenaire stratégique (Orange) suivi plus tard par Mtn mettaient également sur le marché de nouvelles puces à 300 F avec 500 F de crédit de communication offert. Tandis que les puces Zébra de Set Mobile étaient proposées à 1000 F.
Enjeu low cost
Cela dit, si les enjeux du positionnement des entreprises du virtuel sont clairement orientés « low cost », c’est-à-dire bas prix, on s’interroge sur la viabilité du modèle économique d’un réseau virtuel qui, à bien y regarder, peut être un véritable levier de croissance pour les opérateurs classiques du mobile à l’aube de l’arrivée de la 3G. En d’autres termes, au lieu de multiplier les offres tarifaires pour étudiants, jeunes, scolaires, militaires, policiers ou à l’international, l’opérateur classique peut laisser à une entité Mvno ces niches afin de s’investir sur d’autres segments du marché (entreprises, abonnés...) et mieux faire face à la concurrence.
D’où le problème qui se pose aujourd’hui, celui de la viabilité des Mvno si les opérateurs classiques pratiquent les même prix qu’eux, ou s’ils « chassent » les mêmes clients. Quelle est la marge de manœuvre d’un Mvno comme Set Mobile dans cet environnement et comment fonctionne-t-il dans la présente structuration du marché de la téléphonie mobile ? C’est quoi un Mvno et comment l’activité se porte au Cameroun ? Autant de questions auxquelles la présente enquête essaye d’apporter des réponses.
