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Dossier de la Rédaction

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Chacun sa partition

Il y a longtemps que l’on n’avait pas décelé dans le message présidentiel aux Camerounais cet indicible sentiment de satisfaction contenue et d’exaspération assumée. Deux ressentis aux antipodes, mais entremêlés dans une même envolée rhétorique, en cette veille de Nouvel An. Pour envoyer un double message : « Nous sommes bien sur la bonne voie, Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ? »

De fait, le président de la République a présenté à ses compatriotes ce 31 décembre le visage d’un capitaine tenant fermement la barre, plus clairvoyant que jamais sur son cap et son plan de navigation. La tranquille assurance qu’affiche le « commander-in-chief » est telle qu’il se permet de jeter du poste de pilotage un coup d’œil en arrière, par-dessus son épaule, pour apprécier le chemin parcouru, et même commenter à l’intention des passagers de ce bateau peu ordinaire, la possibilité de quelques écueils à venir, sur lesquels il ne nourrit pourtant aucune inquiétude particulière.

Ce message de vœux, intervenant à un moment où sur le front économique et social, les réalisations se succèdent, n’en était pas moins attendu des Camerounais de toutes les couches sociales qui escomptent la redistribution des fruits de la croissance. L’emploi, le calendrier politique, le retour au rationnement de l’eau et de l’énergie électrique pour les ménages, l’accès aux services sociaux de base, la corruption, l’avenir, les sujets de préoccupation étaient lancinants et nombreux. Le chef de l’Etat n’en a éludé aucun, avec en prime quelques annonces-clés : la gratuité de la carte nationale d’identité, la tenue des élections sénatoriales en 2013, de même que la confirmation de l’organisation du cinquantenaire de la Réunification.

Les Camerounais n’auront pas été déçus, car pour leur répondre sur le fond, le président de la République a pointé du doigt les efforts constants et multiformes du gouvernement pour réaliser une plus forte croissance économique dans l’optique d’une redistribution à plus grande échelle du gâteau national, notamment en termes d’emplois.

Sur la forme, Paul Biya n’a pas usé de la langue de bois pour rappeler que beaucoup était déjà fait pour construire les infrastructures sociales en particulier, et créer des emplois. Mais il est allé plus loin encore pour fustiger avec des mots très durs, « l’inertie, l’incompétence et la malveillance » de certains, qui plombent le résultat de l’action publique et son impact sur l’amélioration des conditions de vie des Camerounais. Lorsqu’il a évoqué par la suite, en des termes peu amènes la corruption et la fraude sur les marchés publics, il paraissait clairement excédé et peu enclin à faire des compromis sur ces pénibles indignités qui conduisent le pays vers les précipices.

Le message présidentiel à la nation de cette fin d’année restera donc marqué par cette ambivalence : d’une part, la satisfaction du capitaine qu’il est, la confiance en nous-mêmes et dans le destin de notre si grand pays. La confiance que nous inspirons désormais aux investisseurs et aux partenaires, rassurés sur notre résilience, après près de 20 années de crise économique. Cette satisfaction est cependant loin du triomphalisme béat.

D’autre part, il sourd de ce message de la colère et de l’ironie mordante, face aux « serpents qui sifflent sur nos têtes », à l’heure où le pays fourmille de projets, où la réussite crève les yeux. Qu’il s’agisse des prédateurs de la fortune publique, ou qu’il s’agisse des contempteurs feignant de ne pas voir la marche en avant du Cameroun, le président ne leur oppose que mépris et exhorte les Camerounais à leur prouver, par des actes, leur détermination à construire une nation prospère et démocratique.

Quelle est donc, en définitive, la leçon à retenir ? Cette leçon se décline, in fine, à ce que chacun de nous s’attèle à jouer sa partition, toute sa partition, dans l’œuvre de construction de la république exemplaire. Traiter les dossiers avec célérité et efficacité, sans demander de commissions ; payer ses impôts ; réaliser effectivement les marchés publics, dans les règles de l’art ; instaurer la méritocratie dans les nominations, et l’accès aux institutions de formation ; sacraliser l’intérêt général… Ces actions et ces comportements ne sont pas du seul ressort des ministres et dirigeants, ils interpellent la conscience individuelle, chacun à son poste de travail si modeste soit-il, dans le privé ou l’administration. Pourquoi nous complaire dans la fange et les déviances, malgré les répulsions croissantes de l’opinion publique, et malgré le mal qu’elles font à notre avenir ?

« La vraie générosité envers l’avenir, écrivait Albert Camus dans L’homme révolté, consiste à tout donner au présent ». Le message présidentiel est, à bien y regarder, une invite à tous à donner de notre énergie, de notre détermination et de notre probité, pour construire un avenir radieux. Demain ? Non. Ici et maintenant.

 

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