Bannière

Newsletter


Publicité

Bannière
PUBLICITE

Dossier de la Rédaction

PUBLICITE
Bannière

Péripéties d’un « nanga boko » blanc à Yaoundé

Le roman du Camerounais Hervé Madaya intitulé «La morsure des louves», raconte les souffrances d’un couple franco-chinois au Cameroun. Lire l'interview de l'auteur.

La vie réserve parfois des vertes et des pas mures. Dans « La morsure des louves », elle n’est guère plus tendre pour Saër. Le petit garçon de dix ans, fruit de l’union d’un commerçant chinois et d’une française écrivain, devient par la force des choses enfant de la rue à Yaoundé. Ses parents, ayant choisi la destination Cameroun après la France et la Chine vont divorcer après l’intrusion dans la vie paisible de la famille de deux jeunes demoiselles maliennes, Karma et Soundé. De vrais tigresses, elles aussi meurtries par les vicissitudes de l’existence.


L’œuvre d’Hervé Madaya se veut réaliste. Le jeune auteur qui surfe sur le sujet de l’enfance meurtrie qui semble décidément le passionner, décrit ici avec force détails la vie pitoyable des « nanga boko ». Comme dans « Bleu de mon regard » (Éditions Créations, 2010, ndlr), le récit plonge le lecteur jusque dans l’intimité de ces enfants des « ténèbres » au Boulevard du 20 mai, à la Poste centrale, dans les poubelles. Saër est présenté en compagnie de deux autres « délaissés de la vie » : Sany, un albinos originaire du Nord Cameroun et Sako, un Guinéen. Un mélange de races et d’origines qui trahit l’attachement de l’auteur à la diversité et à l’intégration. La progression de l’histoire, dans un récit alternant harmonieusement présent et passé, donne au scénario une forte dose de suspense qui captive le lecteur jusqu’à la dernière ligne. Les thèmes abordés : immigration, agression, viol, vengeance, magie noire, folie, incendie, sida…, très actuels, y concourent aussi. Le format du livre ainsi que ses autres caractéristiques physiques, viennent ajouter au confort de lecture de ce troisième coup de plume du jeune écrivain autodidacte.


Hervé Madaya, éditions Afrédit, octobre 2012, 263 pages, 4 000 F.


« J’ai gagné en maturité »

Hervé Madaya


Quel sentiment après la sortie de ce livre ?

Celui de réussir peu à peu la traversée d’une voie parsemée d’embuches. Un sentiment de réussite personnelle. D’un point de vue matériel, c’est un bel objet, mais il est encore trop tôt pour juger de l’accueil à lui réservé par les lecteurs.

Ressentez-vous une nette progression dans votre style d’écriture comparativement aux premiers ?

Comme vous avez pu le constater, dans « La morsure des louves » le pari réside dans la capacité de l’auteur d’alterner deux narrations qui se rejoignent à la fin. Apparemment j’ai gagné en maturité. L’écriture elle, semble plus aboutie.

On constate la récurrence d’un personnage et d’une nationalité dans vos ouvrages : Saer ; Malienne. Quel rapport avec « Sur les traces de Saer » votre premier livre ?

J’utilise le même prénom pour des personnages différents. Ce n’est pas la même personne. Saer : doux et léger comme une brise apaisante ; aussi profond que l’ultime soupir d’un être en quête d’amour. Ce prénom découvert par hasard m’a séduit. Mais c’est toujours un enfant qui le porte. Probablement celui qui, m’habitant, n’a pas fini de régler ses comptes avec les adultes. Celui de l’enfant qui reste caché en moi. Le Mali, car pour plusieurs occidentaux, l’Afrique de l’Ouest reste la référence en matière de culture en Afrique noire. La nationalité malienne et le prénom « Saer » sont donc le dénominateur commun de ces deux romans.

Vous semblez aussi attacher une importance particulière aux enfants de la rue. Car votre deuxième livre « Le bleu de mon regard » leur consacre toutes les photos et textes de ses pages.

Ce n’est pas que je leur attache une importance particulière. J’ai le sentiment d’avoir en moi une femme malheureuse, un enfant maltraité et un homme qui cherche sa voie. Tout dépend de la voix intérieure qui me dicte les mots. Dans le premier livre c’est la femme qui parle ; dans le deuxième c’est l’enfant. Il se trouve que dans « La morsure des louves » c’est l’enfant qui revient. Quelque part je n’y suis pour rien. (Rires)

Que représente pour vous l’écriture ?

Ecrire c’est chercher l’aube. Plus j’écris, plus je suis serein. L’écriture est la lanterne qui m’éclaire quand la nuit tombe sur mon chemin. Il se trouve que mon chemin est bien souvent obscur…

Comment et pourquoi avez-vous commencé à écrire ?

Je n’ai pas fait de longues études, pourtant j’ai le sentiment que l’écriture m’a choisi. J’en suis pantelant. Il se trouve qu’enfant, non seulement je n’étais pas épanoui à cause de différents familiaux, mais je bégayais beaucoup. Le moment de lire en classe ou de répondre à une question était toujours un supplice. Alors je préférais m’isoler pour ne pas avoir à m’exprimer verbalement. Sans que je n’en aie conscience, l’écriture fut ma bouée de sauvetage. Vers l’adolescence j’écrivais des histoires et autour de moi l’on s’en étonnait. J’appris que c’était l’un des métiers les plus prestigieux au monde.

Que nous réserve la suite, après la sortie de ce troisième roman ?

J’ai déposé des manuscrits chez des éditeurs. En attendant d’éventuelles propositions de contrats, ma lanterne m’éclaire toujours.


- « Ecrire c’est chercher l’aube. Plus j’écris, plus je suis serein ».

Commentaires (0)
Seul les utilisateurs enregistrés peuvent écrire un commentaire!

!joomlacomment 4.0 Copyright (C) 2009 Compojoom.com . All rights reserved."



haut de page  
PUBLICITE
Bannière