Or, en créant Camair-Co, le gouvernement entendait conjurer les ratés du passé et marquer un nouveau départ pour la compagnie aérienne nationale. Il s’agissait, du passé, éviter les turbulences et d’en capitaliser les acquis. Il s’agissait, en somme, de tirer profit de ce qui fit la grandeur de l’ex-compagnie tout en évitant les écueils qui conduisirent à sa perte. Le défi à relever était grand. A l’heure de la concurrence à outrance, il fallait au nouveau venu, avec peu de moyens, en peu de temps, marquer de son sillage un ciel laissé en pâture aux grandes compagnies internationales desservant l’Afrique. Sans pour autant pouvoir facilement s’approprier des acquis de la Camair dont elle assume l’héritage, mais perclus par le passif de la précaire réputation de son ancêtre.
Les acquis de la Camair, c’était une prestance conquise aux années 70 et 80. Grâce à une flotte relativement abondante dans laquelle trônait un Boeing 747, « Le Mont Cameroun » alias « la onzième province ». Ce fut un grand objet de fierté nationale. Ce géant des airs était du reste quadrillé par plusieurs Boeing 737 et autres aéronefs. La donne eût été différente si Camai-Co avait aujourd’hui, sous sa manche, un tel jeu de cartes à abattre. Dans un univers concurrentiel où de moindres peccadilles peuvent êtres fatales, Camair-Co ne semble pas a contrario avoir pu se soustraire aux pesanteurs qui ont plombé son ascendant : un personnel administratif pléthorique, d’une part, les pressions et sollicitations de la sphère politico-administrative, lesquelles, d’autre part, font par exemple qu’un vol soit retardé à la suite d’un coup de fil d’une personnalité peu soucieuse de se conformer aux contraintes horaires.
Sur ce plan, Camair-Co a plutôt piqué du nez depuis un an. Qu’on se rappelle qu’en mars 2012, au moment où l’on commémorait le premier anniversaire, la compagnie présentait un visage plus reluisant : une ponctualité de 93,07% et une heureuse multiplication de nouvelles destinations. Lesquelles, au gré des retards de vols accumulés, faute de fidéliser la clientèle, ont fait de la compagnie un tonneau des Danaïdes. C’est d’arrêter cette saignée qu’il s’agit aujourd’hui pour le nouveau commandant de bord et de faire voler la flotte