WWF Cameroun a présenté les premiers contours de cette stratégie aux acteurs impliqués.
«Beaucoup d’Ong s’intéressent aux Baka, mais ne savent pas ce qu’ils veulent. D’autres organisent des séminaires à Yaoundé et dans les grandes villes du pays, pour se faire des sous. Et le Baka n’est pas au cœur de leurs préoccupations. Ceux-là ne connaissent rien de ces peuples. » Cet expert du WWF sait de quoi il parle, parce que presque tous les programmes et projets consacrés à ce peuple autochtone vivant dans la forêt ont échoué ou donné des résultats mitigés.
A en croire les responsables de WWF et les experts qu’ils ont invités à l’atelier tenu à Bertoua, les 14 et 15 janvier 2013, plusieurs facteurs expliquent cette situation : aucune organisation n’a mis du sérieux sur la problématique de l’éducation des Bakas. Les différentes approches au sujet de l’éducation de ce peuple ont été parfois partielles et mal cernées par les acteurs concernés. A l’ouverture des travaux de Bertoua, le directeur de la conservation WWF Cameroun, Dr Hanson Njiforti, a tiré la sonnette d’alarme, en expliquant que les peuples Baka du Sud-Est sont en crise culturelle.
Au cours de cet atelier de validation de deux jours, on apprend que la population du sud-est Cameroun est estimée entre 25 000 et 30 000 âmes. Et WWF relève, en substance pour le déplorer, que ces peuples font face à une crise d’existence, avec l’avènement de l’exploitation forestière et la création des aires protégées. Et du coup, la forêt, qui est considérée comme leur habitat naturel, est menacée. Plusieurs facteurs en rajoutent à l’extinction culturelle de ces peuples : le braconnage excessif opéré par les Bantou avec qui les Baka ne partagent pas la même culture ; la disparition de certaines essences liées à la culture Baka, l’abandon des Baka de leurs huttes naturelles pour s’installer au bord de la route… « Ils sont perdus entre deux mondes : l’un qui disparaît et l’autre pratiquement nouveau, inadéquat auquel ils ne sont préparés », précise Olivier Tegomo.
Selon les experts, la nouvelle stratégie de l’éducation des Baka doit intégrer leurs spécificités culturelles. Avant la tenue cet atelier, la phase de consultation a permis de recueillir les avis des communautés Baka et de toutes les parties impliquées. Et c’est sur la base de ces opinions que des propositions innovantes ont été élaborées, lors des débats. Lesquelles propositions seront adaptées aux réalités socioculturelles des Baka. Les participants ont aussi proposé que le contenu des programmes scolaires épouse le contexte socio-culturel Baka. La nouvelle pédagogie doit adapter le calendrier scolaire à la mobilité saisonnière des peuples Baka. Les collectivités territoriales décentralisées ne doivent pas rester en marge de cette démarche.
