Au fait, que dit le communiqué ? D’abord l’intitulé : « Cameroun. Halte à l’impunité pour les graves atteintes aux droits humains ». Ça ressemble a priori à l’entrée en matière d’un rapport classique sur les droits de l’Homme. Mais il faut prendre connaissance du contenu pour y déceler un subtil habillage, visiblement destiné à accompagner une espèce de plaidoirie contre « l’homophobie ».
Par honnêteté, le rapport aurait simplement pu s’intituler : « Cameroun. Laissez les homosexuels tranquilles ! » Mais les auteurs ont cru bon d’enrober leur idée avec d’autres dénonciations, qui font à peine diversion. On y retrouve donc trois centres d’intérêt : la lutte contre la corruption, les conditions de détention dans les prisons du pays ; et ce grand développement sur les LGBTI. Vous ne connaissez pas ? Traduction : personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées. Décidément, on en apprend tous les jours !
Sur les deux premiers sujets, Amnesty International sort la rengaine habituelle. Celle qui choisit de faire le mélange entre les affaires de corruption et d’atteinte à la fortune publique, portées devant la Justice par l’Etat du Cameroun et les éventuelles intentions politiques des personnalités impliquées. L’exemple cité dans le rapport est celui de Titus Edzoa, ancien ministre de la Santé, récemment condamné à 20 ans de prison, après avoir purgé une peine de 15 ans dans une autre affaire. Pour un travail élaboré en fin 2012, on aurait pu s’attendre à des exemples plus frais et plus spectaculaires, mais passons.
Au sujet des conditions de détention, Amnesty International note que les prisons sont surpeuplées, ce qui entraîne une dégradation des conditions de séjour des détenus. C’est tout sauf un scoop. Le ministère camerounais de la justice, dans ses différents rapports annuels fait régulièrement état de cette situation et des solutions qui y sont apportées. Création récente de nouvelles prisons à Yaoundé et Douala, projets de constructions de nouveaux pénitenciers, amélioration du cadre… Et plus caricatural, l’ONG note que des « détenus ayant tenté de s’évader sont blessés ou tués par balle par des gardiens de prison… » Pas moins ! Nos amis d’Amnesty voudraient peut-être qu’on aménage une porte de sortie arrière dans chaque prison du Cameroun et qu’on remette une clé à tous ceux qui désirent s’évader. Et pour éviter les blessures, on armerait les gardiens de pistolets à eau.
Mais comme on le relevait, la moitié du communiqué d’Amnesty International est consacrée à cette affaire de « LGBTI ». Pour dire comment les homosexuels et assimilés sont persécutés par les autorités qui « tentent d’utiliser la justice pénale ». Autrement dit, il est reproché à la justice camerounaise de faire appliquer la loi. Une loi qui interdit cette pratique. Une justice qui s’efforce malgré tout de dire le droit sans a priori, même quand il s’agit d’homosexualité. Faut-il rappeler le plus cinglant démenti à ces allégations ? L’acquittement, il y a près de trois semaines, de deux individus accusés d’homosexualité est sans doute survenu au moment où les enquêteurs d’Amnesty étaient occupés ailleurs. A moins qu’il ne s’agisse d’un simple oubli…