Au terme des échanges, une quarantaine de minutes plus tard, le président Paul Biya répond avec sérénité, sans hésitation ni langue de bois, à toutes les questions à lui posées. Il saisit ainsi cette occasion pour remercier le président François Hollande pour l’invitation à lui adressée et pour résumer ce qu’il y a lieu de retenir de leurs échanges. S’agissant des relations franco-camerounaises, elles sont, dit-il, excellentes. Mais, poursuit-il, « nous avons à faire face à un certain nombre de problèmes » notamment « la sécurité maritime, la situation au Mali et en RCA. Je profite de l’occasion pour dire que j’ai renouvelé au président Hollande mon soutien et mon appréciation pour l’action efficace qu’il a ordonnée pour stopper la descente des hordes djihadistes sur la capitale du Mali. C’est une menace pour tous ceux qui aiment la liberté. Ceci a permis de sauver la souveraineté et l’intégrité territoriale de ce pays. » Le président Paul Biya a aussi indiqué que le Cameroun coopère également avec les pays-membres de la CEMAC (Communauté Economique et monétaire de l’Afrique centrale) et de la CEEAC (Communauté Economique des Etats de l’Afrique centrale) ainsi que les troupes françaises pour stabiliser la situation en République centrafricaine. Parlant de la situation interne à notre pays, le chef de l’Etat a évoqué le vaste programme de modernisation dans lequel le Cameroun est engagé pour construire entre autres des routes, des autoroutes, des ports et aéroports, des agro-industries etc. Dans cette perspective, souligne –t-il, « nous sommes venus pour demander aux hommes d’affaires français de venir participer à ce grand mouvement de développement que nous avons lancé. »
A une journaliste qui voulait savoir s’il n’était pas un peu fatigué d’exercer le pouvoir, le président Paul Biya a d’abord répondu par une question caustique : « Ai-je l’air si fatigué ? » Et d’enchaîner aussitôt, à la manière de Charles de Gaulle : « Je ne suis pas au pouvoir par la force. C’est le peuple camerounais qui m’a élu au milieu de 20 ou 30 autres candidats. S’agissant du respect des droits de l’homme , le président Biya a fait observer qu’on dit beaucoup de choses sur le Cameroun, mais les Camerounais sont parmi les Africains les plus libres : pas de censure, pas de torture, pas de disparition, plus de deux cents partis politiques existent, une pluralité de syndicats... Questionné sur l’affaire Michel Thierry Atangana, le président Paul Biya, après avoir noté qu’il ne le connaît pas autrement que par les dossiers et qu’il n’est pas un ennemi politique, a fait observer qu’il a été condamné par les tribunaux pour détournement de deniers. Son affaire est en instance. Il a saisi la Cour suprême dont la décision est attendue. Sur la double nationalité au Cameroun, le président a répondu : «Nous y réfléchissons ». L’engagement sur le vote des Camerounais de la diaspora a déjà été tenu. L’intégration en Afrique centrale avance et c’est une œuvre collective. Quant à la question sur l’homosexualité qui est condamnée par le Code pénal camerounais (Art. 347) avant même son arrivée au pouvoir en 1982, elle fait l’objet de discussions, les esprits peuvent évoluer mais « cette chose » est un délit dans notre pays. Au total, des réponses sans fards sur des questions sans détours.
Le programme de ce jour prévoit le forum économique avec le MEDEF. Le président Paul Biya doit y faire une intervention, au-delà des présentations thématiques de certains membres de sa suite .Une exposition est également prévue à cette occasion.