Des commerciaux installés dans les administrations rivalisent d’astuces pour convaincre les recrues d’ouvrir des comptes.

Carine Ntasin est une jeune fonctionnaire. Elle est entrée dans la Fonction publique à la faveur du récent recrutement des 25 000 jeunes diplômés. Seulement, pour toucher son salaire, la jeune dame doit, chaque fin de mois, partir de Bamenda où elle exerce comme secrétaire pour Yaoundé. Hier, venue retirer son bon de caisse comme d’habitude à la Fonction publique, elle a choisi d’ouvrir un compte bancaire où sera désormais viré son salaire pour qu’elle puisse le toucher sur place. Elle a engagé les procédures auprès de deux commerciaux d’une banque de la place, installés pour la circonstance à l’entrée du ministère. Ceux-ci lui ont promis qu’elle pourra toucher son prochain salaire à Bamenda. Dans ce ministère, quatre établissements de crédit (banques et établissements de microfinance confondus) se disputent les clients. En plus de la Fonction publique, ces institutions financières sont également présentes dans les différents postes de perception de la ville, à l’instar de la Trésorerie générale.

Cela fait un moment que les banques se livrent à cet exercice. « La stratégie a été enclenchée il y a un bon bout, mais a connu un coup d’accélérateur avec le recrutement des 25 000 diplômés dans la Fonction publique. Chaque banque souhaite avoir le plus grand nombre de clients », confie un responsable à la SCB Cameroun. De plus, ajoute notre source, « nous sommes dans une période de concurrence aiguë. Que ce soit en entrée de relations, c’est-à-dire la recherche de nouveaux clients, ou concernant les produits proposés (cartes monétiques, crédits de consommation), il y a une certaine guéguerre que se livrent les institutions bancaires ». Pour Afriland First Bank, cette nouvelle approche, d’après certains membres de l’équipe commerciale, participe du choix de cette institution d’élargir son portefeuille clients aux particuliers. Dans cette logique, les fonctionnaires constituent pour la banque, une cible particulière pour laquelle une gamme de produits et services adaptés a été conçue.

Chez les potentiels clients, les avis restent partagés devant cette nouvelle approche. « Avec un compte bancaire, il y a des facilités qui s’offrent à nous, à l’instar des crédits. J’ai déjà ouvert un compte dans une banque, même si j’attends toujours que mon salaire y soit viré », confie Achille N. employé au ministère du Commerce. Certains, par contre, n’envisagent pas encore l’éventualité d’ouvrir leur compte en banque. « J’estime que mon salaire n’est pas encore assez élevé pour le domicilier dans une banque. J’ai été approchée par certaines banques mais, pour l’instant, je préfère continuer à toucher mon salaire par bons de caisse. De plus, je ne leur fais pas trop confiance », confie une autre recrue. Reste que les salaires de plus de 100 000 F doivent être virés dans les banques.