Message traditionnel, certes. Mais dimanche face à ses jeunes compatriotes, le président de la République est apparu comme un chef de famille qui réunit ses enfants, un peu à la manière du laboureur de la célèbre fable de La Fontaine. Il leur a parlé avec le ton encourageant et la franchise. De leurs comportements, de leurs problèmes, des solutions qu’il envisage. Il leur a prodigué des conseils à l’orée de cette année 2013 où beaucoup d’indicateurs poussent à l’optimisme. Paul Biya a donc partagé avec ses enfants, l’espoir de lendemains qui ne peuvent être que meilleurs pour eux, quel que soit le secteur d’activité dans lequel ils se déploient au quotidien. Le chef de l’Etat leur a surtout indiqué les conditions de leur participation efficace au développement de leur pays. Participation qui implique une amélioration conséquente de leurs conditions de vie.

Le message de cette fête de la Jeunesse 2013 s’écarte donc d’un schéma classique, qui a souvent conduit le président Biya à dresser un bilan exhaustif des actions du gouvernement en faveur des jeunes, notamment dans les domaines de l’éducation et de la formation. Le chef de famille, qui sait bien que chacun de ses enfants a des préoccupations spécifiques, a tenu cette fois à aborder les problèmes au cas par cas.

Il met ainsi un point d’honneur à s’adresser « directement » aux nombreux jeunes du secteur informel. Ils n’ont pas poussé les études, ou sont diplômés mais sans emploi correspondant à leur bagage intellectuel. Ils n’ont pas d’occupation et versent dans la délinquance… Aux pousseurs, conducteurs de moto-taxis, chargeurs, tâcherons, Paul Biya tient un langage de vérité. Oui, leur situation peu enviable peut les pousser à se révolter, mais l’aîné avisé est là pour leur rappeler que la fronde « aggrave les problèmes sans apporter de solution ». En attendant de trouver mieux, le président de la République tient à saluer et à valoriser le rôle social de chacune de ces activités. Juste reconnaissance parce qu’elles concourent toutes à nourrir une famille et à faciliter le quotidien des autres citoyens.

Le même message est adressé aux enseignants, corps de métiers fortement composé de jeunes. Eux aussi, sont parfois tentés par le découragement, à cause de leurs salaires, de leurs conditions de vie et la dévalorisation de leur profession. Il s’est adressé aux élèves, étudiants et diplômés, pour leur dire de ne pas perdre de vue les sacrifices que font leurs parents, leurs enseignants et les pouvoirs publics pour leur assurer une formation de bon niveau. Ils sont donc appelés à s’adonner avec entrain car l’avenir est tout sauf sombre. A titre d’exemple, les 200.000 emplois attendus cette année dans le secteur formel.

Une bonne nouvelle de ce type cache mal l’exigence clairement exprimée par le président de la République. A tous ces jeunes, le chef de l’Etat a montré la nécessité d’une reprise en main. Tirer profit des perspectives heureuses ne se fera pas sans un minimum de discipline. Pour les moto-taxis que Paul Biya cite volontiers en exemple, cela passe par une organisation de la profession, mais aussi par le respect de la loi (code de la route, port du casque). Le chef de l’Etat a invité le gouvernement à encadrer le secteur informel, mais une bonne partie doit être faite par les jeunes eux-mêmes à travers des comportements exemplaires. La prescription est valable pour chacun. Les enseignants doivent retrouver leur rôle central et irremplaçable autour du dialogue avec les pouvoirs publics. Eux qui constituent l’une des priorités du président Paul Biya. La moralité doit être restaurée ; les parents doivent assumer leurs responsabilités ; les églises, temples et mosquées doivent redevenir ces écoles du civisme, de la moralité et de la rigueur. République exemplaire, nous y sommes !