Ce n’est pas exactement une romance. « Un enfant à tout prix » commence pourtant comme un beau roman. Et puis, c’est le début des ennuis lorsque les personnages principaux, Victoire et Xavier M., essaient d’avoir un enfant. Le roman de Charles Soh Tatcha, enseignant des métiers du cinéma et de l’audiovisuel, est un mélodrame qui met en exergue la vie d’une adolescente. L’ouvrage de 177 pages, édité par Harmattan Cameroun entremêle les voix. Victoire Gokou, 16 ans, dernière née d’une famille de cinq enfants, élève au collège des jeunes filles de Baleng, chrétienne dévouée, tombe sous le charme de Xavier Mbah, brillant élève de Terminale C au lycée classique de Bafoussam. A l’époque, le lycée est prestigieux et ses élèves, respectés. Les sentiments de Victoire E. sont partagés.
Tous les deux entretiennent une relation non encore officielle. Enfin, vient le grand jour. Xavier M. prend Victoire E. pour épouse et les noces sont célébrées en la cathédrale de Bafoussam. Une nouvelle vie s’ouvre pour la jeune adolescente qui découvre enfin Yaoundé dont elle a tant entendu parler. Pour elle, c’est le « début du bonheur ». Le couple s’installe au quartier Nkomkana. Vivent d’amour et de quiétude. Le besoin d’avoir un enfant se fait pressant. Les familles, les amis, formulent des vœux. Rien. Le couple passe plus de six ans dans l’attente. Les marabouts de Yaoundé et de l’Ouest sont visités. L’auteur n’est pas complaisant. Les faits sont mis en exergue avec violence. Les personnages cherchent dans la prière, la boisson ou dans l’excès de travail, des réponses à des questions existentielles. Victoire M. vit dans l’espoir « d’un retard ». Avec un penchant pour la fantaisie, Charles Soh nous promène aux frontières du réel. Il nous fait basculer dans un univers troublant, incertain, qui n’est pas tant celui de la sorcellerie que du mysticisme.
Découpé en 16 chapitres, l’art d’ « Un enfant à tout prix » est incarné dans les détails concrets qui donnent à voir et à comprendre. Victoire M. tombe enfin enceinte et huit mois après, elle donne naissance à un garçon, Pamphile Jonbé, « regard plein de sang », enfant handicapé qui se nourrit essentiellement de viande. Sa venue est le début du cauchemar pour ses parents. Jonbé, enfant serpent, ne se contente plus que seulement de manger de la viande. Il commet des crimes, tue des animaux. Le couple est soupçonné, contraint de fuir le quartier. Aucun des crimes de Jonbé ne sera oublié ou édulcoré. Il faudra attendre un retour à l’Ouest pour trouver le salut. Parce que Charles Soh laisse une note d’espoir après tous ces drames, les détails sont précis et l’auteur tient le lecteur en haleine de bout en bout. Et c’est un des points positifs de ce roman rédigé simplement.
