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Le désordre se réinstalle à l'Immeuble Shell |
Immeuble Shell en raccourci |
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Pourtant, un vigile est en poste au grand portail. Il est supposé filtrer les entrées. De fait, seuls les véhicules n’y ont pas un accès direct. A pied, on entre et on ressort de l’immeuble sans être inquiété. On peut ainsi aller et revenir à volonté.
Dans l’enceinte, des gargotes sont installées. On prépare et vend de la nourriture sur place. C’est apparemment le commerce dominant ici. A-t-on besoin d’un téléphone ou ses accessoires, il y a ici une boutique spécialisée. Cherche-t-on plutôt à développer une pellicule photo ? Un laboratoire est ouvert au rez-de chaussée de l’immeuble. C’est un appareil électronique qui est en panne ? De nombreux "spécialistes", à la mine peu rassurante offrent leurs services.
Une dame arrive et se renseigne auprès des autres occupants sur la procédure à suivre pour installer sa boutique dans l’immeuble. « Voyez au premier étage. Il n’y a plus de place au rez-de-chaussée » (plus stratégique pour le commerce, ndlr), lui répond son interlocuteur et « pour faciliter les choses, sachez bien parler aux gestionnaires », la prévient-on.
Les escaliers qui mènent dans les différents étages présentent des signes de propreté. Mais la vétusté a pris ses droits sur la vieille bâtisse. La peinture est sale. Les câbles électriques pendent de partout. L’ascenseur n’est plus fonctionnel depuis des lustres. Les carreaux sont décapés. Le couloir est noir par endroit et le silence des lieux fait peur. Pourtant, des bureaux sont ouverts : l’Office national du Café cacao par exemple. Les locaux d’une radio jadis opérationnelle restent ouverts. La radio fut scellée par le ministre de la Communication, mais son promoteur garde ses bureaux. On apprend qu’il a un contrat de bail en bonne et due forme. Onze millions de Fcfa auraient été versés selon les termes du contrat pour 18 ans d’occupation, apprend-on.
A partir du cinquième étage, le silence est plus lourd. Mais, plus haut, après le 10è , quelques appartements sont occupés par des familles. D’autres sont vides. Une dame essoufflée passe. Elle tient un panier de vivres. « Désolée ! Je ne peux pas vous autoriser à arriver chez nous sans me référer au patron », répond-t-elle à notre demande. Elle confirme que le loyer est régulièrement payé aux gestionnaires. Que les compteurs d’eau et d’électricité sont régulièrement installés.
Sollicité dans notre enquête relative à la réhabilitation de ce bâtiment, Gilbert Tsimi Evouna, le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé, qui, en 2010 avait sommé les locataires de partir, s’est montré indisponible et a promis de se pencher sur le dossier Immeuble Shell le moment venu.
Les représentants du cabinet Atou, gestionnaires de l’immeuble, eux, ont leur quartier général au quatrième étage. Charles Yakana Ayangma, représentant du cabinet Atou à Yaoundé, est en place. Mais, il ne peut répondre aux préoccupations du reporter. Le droit de réserve est brandi. Un protocole d’interview a été introduit depuis plusieurs mois. « Il a été transmis », rassure Charles Y. Ayangma.
Sur ces entrefaites, un collaborateur de ses collaborateurs arrive, tout courroucé, arrache la parole et fait expulser le reporter de l’immeuble, sans ménagement.