Le lien étroit entre l’industrialisation et l’émergence économique du continent au cœur d’une  conférence ministérielle prévue à Abidjan. La capitale économique ivoirienne, Abidjan, accueille du 25 au 26 mars 2013 à l’hôtel Ivoire,  la sixième réunion annuelle conjointe de la Conférence des ministres de l’Economie et des Finances de l’Union africaine (UA) et de la Conférence des ministres africains des Finances , de la Planification et du Développement économique de la Commission économique pour l’Afrique (CEA). Cette rencontre de haut niveau est précédée, depuis hier, dans le même lieu, d’une réunion préparatoire du Comité d’experts qui se tient jusqu’au 24 mars. La conférence, qui est devenue la principale tribune des ministres africains chargés des Finances, du Plan et du Développement économique, ainsi que des gouverneurs des banques centrales, porte sur le thème de « l’industrialisation au service de l’émergence de l’Afrique ». Ce thème, qui couvre un champ très large, se situe dans le prolongement des recommandations des conférences précédentes et en particulier, des conclusions de celle de 2012 concernant le potentiel de l’Afrique en tant que pôle de croissance mondiale. Afin de familiariser les journalistes avec le thème, un atelier pour médias s’est tenu mercredi dernier. René N’guettia Kouassi, directeur des affaires économiques à la Commission de l’UA et Yinka Adeyemi, responsable des services d’information et de la communication à la CEA, entre autres, ont sensibilisé les journalistes sur les enjeux des assises. On retiendra des différentes interventions  que l’Afrique, si riche en ressources naturelles, ne peut pas éternellement rester un continent qui exporte  les matières premières pour alimenter les industries installées en Europe, en Amérique et en Asie. Tant il est vrai que les pays africains qui exportent principalement les matières premières et importent des produits manufacturés ont subi une détérioration des termes de l’échange tout au long du 20^è siècle. D’où la persistance de la pauvreté, du chômage et du sous-emploi dans la majorité de ces pays.

La clé

D’après les experts, l’Afrique doit s’industrialiser parce que le secteur industriel, qui porte l’innovation, est le seul qui a un impact très important sur l’ensemble de l’économie. C’est le seul secteur qui, en transformant les matières premières en produits finis, peut créer beaucoup d’emplois, distribuer des revenus et donc, aider l’Afrique à résoudre un de ses problèmes majeurs qui est le chômage des jeunes. Pour ce faire, son potentiel industriel est énorme : l’Afrique détient 60% des terres arables dans le monde ; seulement 10% de tout ce que les Africains consomment sont des produits industriels, ce qui signifie que 90% doivent encore être transformés, la plupart des matières premières minières, agricoles et énergétiques se trouvent en Afrique ; la part des produits manufacturiers dans les exportations de l’Afrique est très faible, tout comme la part de l’industrie dans le produit intérieur brut (PIB) et la part de l’industrie dans la création d’emplois ; l’essentiel du milliard d’habitants que compte l’Afrique est constitué des jeunes. Plusieurs pays, à l’instar du Cameroun (2035) et de la Côte d’Ivoire  (2020) veulent devenir émergents. Cela est-il possible sans industrialisation? Non, répond René N’Guettia, qui soutient que la transformation locale des matières premières est la clé ou mieux, le passage obligé pour parvenir à l’émergence. Pour étayer son propos, il fait observer que tous les pays émergents, anciens  (Chine, Brésil, Inde, Russie, Afrique du Sud, etc.) comme nouveaux (Turquie, Indonésie, etc.) sont  industrialisés, ou ont franchi une certaine étape de l’industrialisation. La conférence ministérielle attendue va donc indiquer les pistes à explorer pour permettre à l’Afrique de rattraper son retard sur le chemin de l’industrialisation.