Le Cameroun est un bon risque. En l’espace de deux mois, le président Paul Biya, entouré de membres du gouvernement et de responsables du secteur privé national, porte ce message rassurant devant des opérateurs économiques étrangers et plaide pour qu’ils viennent investir dans notre pays. Il en a été ainsi le 31 janvier à Paris, dans son intervention au forum économique Cameroun-France, face à un parterre de représentants d’une centaine de groupes industriels, de services et de formation. C’est le cas aujourd’hui, à Ankara, à la clôture du forum économique Cameroun-Turquie organisé par la confédération turque des hommes d’affaires et des industriels (TUSKON). Les observateurs attentifs, qui ne sont pas amnésiques, n’ont pas oublié qu’il avait saisi l’occasion idoine de sa visite au Brésil en août 2011 pour magnifier les atouts du Cameroun et convier les opérateurs économiques brésiliens à investir chez nous.
Le contexte de la plaidoirie camerounaise à Ankara est particulièrement favorable. Au plan politique d’abord. Chef d’Etat d’un pays dont la stabilité, la paix et le rayonnement sont appréciés, Paul Biya s’entretient avec le président Abdullah Gül, avec qui il a déjà échangé officiellement à deux occasions : le 24 septembre 2008, au siège des Nations unies à New-York, lors de la 63e session de l’assemblée générale de l’ONU; les 16 et 17 mars 2010, lors de la visite officielle du président turc au Cameroun, visite au cours de laquelle le feu vert pour une nouvelle dynamique des relations bilatérales a été allumé avec l’élargissement du cadre juridique de coopération.
Au plan économique, les Grandes Réalisations sont en marche au Cameroun. Comme en d’autres circonstances analogues, les membres du gouvernement en charge des affaires économiques mettent en lumière les atouts de notre pays : une grande variété de richesses du sol et du sous-sol, des hommes et des femmes bien formés et travailleurs, des sites touristiques attractifs, la sécurité renforcée, un code des investissements en amélioration… En présence de leurs homologues turcs, les responsables du secteur privé camerounais ont aussi la parole, dans ce forum d’affaires et d’investissement. Ce fut déjà le cas à Yaoundé en mars 2010, lorsque 120 opérateurs économiques turcs avaient exploré avec leurs homologues camerounais des pistes de partenariat dans les secteurs du bâtiment notamment les logements sociaux, de l’agriculture, de la santé, des mines et de l’énergie. Sans remonter loin dans le temps, l’on peut observer que ces contacts se situent dans une dynamique. La participation des Camerounais aux grandes rencontres économiques et commerciales organisées en Turquie n’est pas passée inaperçue. Parmi ces rencontres, le pont sur le commerce extérieur Turquie-Afrique (TUSKON I et II), la foire internationale d’Ismir, le sommet de partenariat et de coopération Turquie-Afrique, le forum mondial de l’eau. Le terrain est bien préparé.
L’opportunité d’aller plus loin et, pourquoi pas plus vite, se présente. Il n’est un secret pour personne que le Cameroun a besoin de partenaires qui, tout en réalisant de bonnes affaires, concourent efficacement à la mise en œuvre du programme des Grandes Réalisations. La Turquie manifeste une volonté d’accélération dans ce sens depuis l’ouverture de son ambassade à Yaoundé en janvier 2010. Elle en a l’expertise, comme pays émergent et quatorzième économie mondiale. Son savoir-faire reconnu, son expérience dans plusieurs secteurs comme l’agriculture, l’élevage, le transport notamment aérien, les infrastructures sociales, l’habillement, peuvent, sans illusion de philanthropie, inspirer et participer à la modernisation du Cameroun. Cette ouverture vers de nouveaux partenaires expérimentés sans renier les anciens, vers des économies émergentes pour en domestiquer les apports, est porteuse de bonnes promesses pour notre pays en quête d’émergence.
