Des biens divers échouent aux sièges de syndicats, dans la nature ou sont simplement dérobés. Entre deux programmes musicaux diffusés par une radio camerounaise, un communiqué annonce la perte d’une sacoche avec pièces d’identité et prie l’intéressé de bien vouloir contacter le taximan qui détient ses effets. A Yaoundé, les pertes d’objets dans les taxis sont monnaie courante. Parfois, c’est en se rendant au siège d’une radio que les concernés pourront retrouver leurs biens égarés.
Pour cela, ils doivent présenter une pièce d’identité, et parfois, s’entendre « à l’amiable » avec le taximan. « Il est inadmissible que je sacrifie mon temps et mon travail pour remettre un paquet à un client sans qu’il ne me « glisse » quelque chose. Ils doivent payer leur étourdissement! » grogne Richard F., taximan.
Si certains passagers récupèrent leurs biens avec des pourboires, d’autres, par contre, doivent tirer un trait dessus. La preuve, depuis que le taximan Hervé T., rencontré au quartier Biyem-Assi a eu un incident avec l’une de ses clientes, il a choisi de se débarrasser des colis oubliés dans son véhicule. « Si un client a égaré quelque chose dans mon taxi, vraiment, qu’il l’oublie simplement», dit-il. Le taximan se rappelle en effet d’une mésaventure quelques mois plus tôt. L’une de ses clientes a déposé sa carte d’identité, son passeport et son téléphone sur le tableau de bord de son véhicule. Le taximan précise encore irrité: « Je l’ai bien prévenue qu’elle finira par les oublier. Peu après que je l’ai déposée, elle a téléphoné en me suppliant de les lui remettre ». Le taximan retourne voir la dame et la trouve en compagnie de deux militaires. Elle lui fait comprendre qu’en plus de ses pièces et de son téléphone, elle a oublié une somme de 150 000F. Hervé T. renchérit : « Ses militaires m’ont arraché mes clés et confisqué mon véhicule pendant deux jours. J’ai dû débourser 100 000 F pour qu’ils me les remettent. Depuis cet épisode, je jette systématiquement les objets égarés. Dernièrement, une dame a oublié la layette de son bébé, j’ai dit : « Dieu pardonne-moi ». Je l’ai balancée dans le premier cours d’eau.»
Du côté des usagers, certains affirment que ce sont les autres passagers des taxis qui récupèrent les objets oubliés. Madeleine P., usagère témoigne : « Il y a des passagers qui, en rangeant leurs sacs dans la malle-arrière du taxi, constatent qu’il y en a d’autres et en déchargeant les leurs à l’arrivée, ils en profitent pour subtiliser celui qui ne leur appartient pas. ». Parfois, « quand il ne reste qu’une seule personne dans le taxi et qu’elle se rend compte de la présence d’un sac oublié, elle se sert », ajoute-t-elle. Dans les syndicats de chauffeurs de taxi, par contre, les bureaux sont pleins de valises, sacs, vêtements oubliés et des registres de dépôt d’objets retrouvés y sont ouverts.
