Les conseillers municipaux ont un rendez-vous important dimanche avec l’histoire politique du Cameroun. En se rendant aux urnes, ils procèderont à l’élection, pour la première fois, de 70 sénateurs, en raison de sept par région. Ils participeront ainsi à la réalisation effective de l’une des dispositions de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996, à savoir la création du sénat, l’une des institutions républicaines prévues par ladite loi fondamentale. Selon les responsables d’ELECAM, au niveau central comme dans les démembrements, toutes les dispositions ont été prises pour le bon déroulement des opérations électorales. Ce scrutin sénatorial constitue d’ailleurs un test grandeur nature pour le rodage de l’organe chargé des élections au Cameroun, avant les prochaines législatives et les municipales. Après l’élection présidentielle d’octobre 2011, les responsables d’ELECAM avaient promis de corriger à l’avenir les erreurs de la jeune institution voire les défaillances relevées par les observateurs. Ceux-ci seront plus de 3500 sur le terrain, représentant des associations nationales et internationales ainsi que des chancelleries occidentales accréditées au Cameroun.
Cependant, les grandes manœuvres des quatre partis politiques engagés dans la compétition sénatoriale n’ont pas encore pris fin. Au demeurant, conformément à la loi, la campagne électorale s’achève demain samedi à minuit. Pendant qu’il est encore temps, les équipes de campagne et les candidats passent et repassent en revue aussi bien les conseillers municipaux de leurs obédiences respectives que ceux de leurs adversaires. Cette élection est en effet tout à fait particulière. Les projections, différentes d’une région à l’autre en fonction des réalités politiques locales, pourraient se clarifier au fur et à mesure que le jour du scrutin approche.
Il en est ainsi de l’Ouest où les conseillers municipaux RDPC ont reçu pour consigne de voter SDF. Dans une interview accordée à Cameroon Tribune, le secrétaire à la Communication du Comité central, le Pr. Jacques Fame Ndongo a clairement exprimé la position du RDPC dans cette circonscription électorale : « le président national du RDPC, S.E. Paul Biya a demandé à M. Le secrétaire général du comité central, M. Jean Nkuete, de prescrire aux conseillers municipaux de la région de l’Ouest de voter en faveur du SDF pour des raisons républicaines. » Et d’expliquer que le RDPC, parti de rassemblement, combat le clanisme, le tribalisme, l’exclusion, la violence, tout en œuvrant pour la promotion de la paix, de l’équité, de l’équilibre et de la justice. Pour avoir emporté l’assentiment ponctuel de la haute hiérarchie du principal parti au pouvoir, la liste SDF de l’Ouest obéit donc aux valeurs républicaines énumérées. LE RDPC qui compte une majorité de conseillers municipaux à l’Ouest, n’a pas de liste de candidats en jeu dans cette circonscription électorale. Si les consignes de vote, sans équivoque, en faveur de la liste du SDF sont respectées à la lettre dans la discipline, les jeux sont faits. Le résultat serait alors une grande première historique au Cameroun, celui d’une alliance ponctuelle entre le RDPC et le SDF pour promouvoir des valeurs républicaines partagées et barrer la voie aux contre-valeurs. Une situation analogue, vécue sous d’autres cieux, en France par exemple lors de la seconde élection de Jacques Chirac à la présidence le 5 mai 2002, mais inédite dans notre pays, si elle se concrétise dans les résultats, devrait alors servir de référence pour la consolidation du socle des valeurs républicaines sur lesquelles doit se bâtir la nation et le « vivre en commun » des Camerounais. Même si la situation n’est pas similaire dans le Littoral où le SDF n’a pas de liste mais des conseillers municipaux, ce parti retournera-t-il l’ascenseur au RDPC ? Celui-ci, loin d’un tel calcul, n’en a réellement pas besoin, comptant naturellement un nombre majoritaire de conseillers municipaux dans cette région. Par contre dans l’Adamaoua, l’UNDP a déjà fait un appel du pied au RDPC. Dans le Centre, le Sud, l’Est voire l’Extrême-Nord et le Sud-Ouest, le RDPC roule sur du velours .Par contre il y a lieu de suivre aussi de près la compétition électorale dans le Nord-Ouest où les conseillers de l’AFP pourraient jouer les trouble-fête devant le SDF et le RDPC. Que tous les acteurs mettent tout en œuvre pour que le scrutin se déroule dans la paix, le calme et la transparence, afin que, dimanche, seule la vérité sorte des urnes.