Imaginez que votre enfant refile le double de vos clés à la moitié du voisinage et laisse entrer des inconnus dans votre intimité familiale. Dormirez-vous encore sur vos deux oreilles ? Lui offrir un ordinateur et une connexion Internet dans sa chambre, grâce à laquelle il communique avec des étrangers sur le web, c’est quasiment pareil. À une époque, on pensait que, pour protéger ses enfants des dangers d’Internet, il suffisait de placer l’ordinateur dans une pièce commune ; ainsi, ils risquaient moins de s’égarer sur des sites douteux. Même si ce principe demeure vrai, il n’est pas à lui seul un gage de sécurité. Aujourd’hui, les connexions sans fil permettent d’« emporter » le Net partout. Même les téléphones portables sont souvent équipés d’une connexion. Il y a également les cybercafés, les kiosques Internet, les bibliothèques et, bien sûr, la solution d’aller chez un copain.

Avec autant de possibilités, on comprend que les incartades en ligne d’un enfant puissent échapper à la vigilance parentale. Pourtant, sur Internet, de nombreux dangers guettent les jeunes. La pornographie est l’un des risques les plus répandus sur la toile. Les sites à caractère pornographique apparaissent en petite fenêtre, comme ça, d’un seul coup, dans un coin de l’écran. Une astuce pour attirer les enfants, pas toujours assez forts pour résister à la tentation du clic. Le principe de la surprise est le même, lorsque des sites pour adultes rentrent en contact avec le monde des enfants, et les exposent à des prédateurs sexuels. Joséphine Ambane, 17 ans, se rappelle d’un film qui a provoqué le déclic, la poussant à faire le ménage sur sa liste d’amis sur Facebook. « Ça parle d’une jeune fille qui cause avec un ami sur un site de rencontre, et au fil du temps se rend compte qu’il n’a pas vraiment 18 ans, mais 40 ans. Et l’histoire finit mal », se souvient-elle. Certains ont même l’imprudence d’afficher sur le Web leurs coordonnées ou encore des opinions ou des photos personnelles.

Or, « les jeunes n’ont souvent pas idée du nombre d’utilisateurs, dont des prédateurs sexuels, qui ont accès à ces informations », prévient un spécialiste de la cybersécurité. L’anonymat d’Internet en fait un terrain de chasse pour les prédateurs. Des jeunes peuvent tomber dans un piège en donnant leurs coordonnées ou en acceptant de rencontrer un correspondant. Outre la pornographie et les pédophiles, les amitiés sur Internet ont tendance à être superficielles et peuvent avoir des conséquences sur le moral des enfants. Des jeunes pratiquent la cyberintimidation, harcèlement qui consiste en moqueries, menaces, exclusions via le Net. Protéger ses enfants des dangers d’Internet demande des efforts, car les moyens d’accès aux médias électroniques changent constamment.