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Dossier de la Rédaction

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Au-delà de l’élection

Le lundi 29 avril 2013 restera donc une date-symbole, avec l’épilogue du processus de l’élection sénatoriale, et la publication des tout premiers sénateurs, au cours d’une audience solennelle de la Cour suprême.


Enclenché au milieu des cris d’orfraie de certains milieux politiques, le processus de l’élection sénatoriale s’est poursuivi dans un admirable consensus lorsque les deux arbitres institutionnels désignés – Elecam, Cour suprême –, ont prouvé leur indépendance en invalidant successivement les dossiers de candidature et les recours du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais.

Par la suite, les observateurs nationaux et internationaux ont, à quelques réserves près, accordé un blanc seing à ce scrutin, en le jugeant crédible et transparent. Avant que la Cour suprême siégeant comme Conseil constitutionnel ne proclame hier les résultats officiels et les deux gagnants : le RDPC et le SDF.

En attendant la nomination prochaine de leurs 30 collègues par un texte présidentiel, les sénateurs vivent sans nul doute depuis hier leurs premières heures de gloire. Car voilà un nouveau venu dans le microcosme politique, « le vénérable », qui assumera le prestige des pionniers autant que la fière présomption d’avoir été bien élu.

Pourtant, au-delà de la fièvre électorale et de l’ivresse de la nouveauté, le Cameroun jouait dans ces sénatoriales son destin politique, la crédibilité de son arsenal démocratique. En effet, il s’agissait de finaliser la mise en place de la Constitution de 1996. En outre, alors que dans certain pays africains, le Sénat a été supprimé car jugé budgétivore, le Cameroun va devoir prouver que cette institution bien que légitime de par la Constitution, n’est pas une de plus, une de trop. Les sénateurs auront donc à cœur de démontrer l’utilité du Sénat, à travers la perception qu’ils auront eux-mêmes de leur fonction, et la plus-value que celle-ci apportera, ou non, au fonctionnement démocratique.

D’ores et déjà le premier motif de satisfaction, pour nous, réside dans l’organisation réussie de ce scrutin. C’est la preuve que les Camerounais ne sont pas, comme on a tendance à le croire, inaptes au changement raisonné et consensuel. Après avoir réclamé à cor et à cri le Sénat, certains partis politiques ont brandi la menace du boycott dès la convocation du corps électoral par le président de la République. Avant de revenir à la raison après moult tractations et négociations avec les autorités.

L’autre motif de satisfaction, dès la mise en place complète du Sénat, c’est la présomption d’une plus grande efficacité du Parlement à l’avenir, à en croire les spécialistes. 

Le Sénat n’est après tout que l’autre versant du Parlement, et Dieu sait tous les espoirs que cristallise l’institution parlementaire en démocratie, elle qui est chargée de légiférer et de contrôler l’exécutif et l’administration.

Le souhait profond des Camerounais est donc que, demain plus qu’aujourd’hui, le Parlement joue son rôle d’aiguillon, dans le but de consolider la démocratie et l’Etat de droit. Avec sa chambre haute, le Parlement lui-même aspirera légitimement à peser de tout son nouveau poids, dans la perspective de l’équilibre des pouvoirs. Comment ? D’abord en jouant de son nouvel atout, le Sénat, dont les 100 membres aux profils très variés enrichiront à coup sûr les débats de société. Il arrive parfois, sur les questions politiques, économiques ou sociales graves, que la réflexion souffre d’un déficit de diversité. Eh bien, le Sénat fera merveille désormais pour faire entendre sur ces questions sa petite musique.

En devenant bicaméral, le Parlement peut aussi envisager, fort de la légitimité du suffrage et de sa dimension duale, de peser davantage dans l’évaluation des politiques publiques. Jusque-là, le budget que l’Exécutif soumettait au Parlement pouvait apparaître comme un empilement ubuesque de dépenses. Pourquoi ne pas imaginer, désormais, que le Législatif entreprenne d’évaluer systématiquement les politiques qui génèrent ces dépenses ? Qu’il se dote d’outils autonomes d’évaluation des politiques publiques, par exemple un vrai organe d’audit, afin de ne pas abandonner ces missions essentielles à la seule administration et à la Chambre des comptes ?

Comment ne pas parler aussi de la perspective heureuse de voir bientôt sur pied le Conseil constitutionnel, où le président du Sénat est appelé à jouer un rôle actif ? On le voit, les raisons de se réjouir de l’avènement du Sénat, et du Parlement reconfiguré, ne manquent pas. Une chose est sûre : puisque les institutions ne valent que par les hommes chargés de les animer, le Sénat sera ce que les sénateurs en feront. Une retraite dorée, ou un laboratoire d’idées, un « think tank », qui propulsera notre pays vers les cimes.

C’est bien cela que le premier président de la Cour suprême insinuait hier, en félicitant les «jeunes sénateurs», dans une boutade qui n’en était pas vraiment une : « Ne vous contentez pas d’adopter dès à présent la démarche des sénateurs ! Attelez-vous à la tâche et travaillez à mettre en place des lois qui consolident la démocratie et l’état de droit. » A bon entendeur….


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