Une campagne de communication à l’échelle nationale a commencé par Douala, jeudi dernier.

Appelons-la Elisabeth. La cinquantaine, elle dirige une association de veuves. Jeudi 2 mai 2013, à la Maison du parti de Bonanjo, elle est présente comme d’autres gagnepetits pour suivre la campagne de communication autour de la diffusion du rapport de conciliation 2009-2010. Ce qui intéresse Elisabeth, quand elle prend la parole pour poser sa question, ce n’est pas la quantité de pétrole déjà extraite du sous-sol camerounais ou pourquoi ce pétrole reste cher pour sa tante restée à Dibombari (Moungo). « Je veux juste savoir à quoi sert l’argent de l’or noir que le pays vend depuis les années 1970 ? », s’interroge-t-elle.

Méthodiquement, Honoré Ndoumbe Nkotto et John Kinyuy, membres du Secrétariat technique du Comité national de l’Initiative de transparence dans les industries extractives (Itie), expliquent. A tour de rôle, on montre à quoi sert cette structure et quels sont les gains que le Cameroun pourrait engranger s’il est déclaré conforme à l’Itie. L’objectif final de l’Itie est la promotion de la transparence dans la gestion des ressources issues du secteur extractif (mines, pétrole et gaz) des pays membres et la production d’un rapport de conciliation constitue une étape essentielle de ce processus de transparence. Dans la mesure où il met à la disposition des populations des informations importantes concernant les revenus perçus par l’Etat dans le cadre de l’exploitation de son sous-sol.

En d’autres termes, « tous les paiements significatifs, versés par les entreprises aux gouvernements, au titre de l’exploitation pétrolière, gazière et minière et toutes les recettes significatives, reçues par les gouvernements de la part des entreprises pétrolières, gazières et minières, sont publiés et diffusés régulièrement au grand public sous une forme accessible, complète et compréhensible », Honoré Ndoumbe Nkotto.

Les centaines de participants à cet échange de Douala reçoivent chacun, une chemise contenant le rapport de conciliation, des dépliants portant sur tout ce que les sociétés extractives ont déclaré avoir payé à l’Etat, des tableaux comparatifs de ce que les services publics ont admis avoir reçu. Au cas où un participant voudrait en savoir davantage, le site Internet officiel du Comité national Itie est ouvert et accessible 24h/24. Ainsi, Elisabeth ni personne d’autre n’entendront plus dire que l’argent du pétrole, c’est trop compliqué à expliquer au petit peuple…

Le Cameroun a adhéré depuis 2005 à l’Itie, avec pour objectif de rentrer dans le club des pays « conformes ». La prochaine validation aura lieu d’ici le mois d’août 2013. Après avoir amélioré la qualité des déclarations faites par l’Etat et les sociétés pétrolières, on veut relever le défi de la communication du grand public. En toile de fond, il y a l’objectif de passer l’examen de la conformité et atteindre ce statut de pays conforme, qui est un label d’attractivité des investissements dans ce secteur.