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Dossier de la Rédaction

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Le prix de la modernité

La modernisation inéluctable de nos cités met en exergue non seulement les difficultés, mais aussi les contradictions, voire les incohérences observées à l’occasion de la réalisation de nombreux travaux d’urbanisation. Sans en avoir l’exclusivité, les deux grandes métropoles camerounaises, Douala et Yaoundé, en offrent fréquemment des illustrations saisissantes. L’un de nos correspondants permanents dans la capitale économique faisait état dans l’édition de Cameroon Tribune d’hier, de la résistance des commerçants sur le Boulevard des Nations unies. Après l’inauguration récente de ce Boulevard remis à neuf et malgré les recommandations, voire les interdictions du délégué du gouvernement de ladite cité, les marchands y ont repris leurs activités de la manière la plus ostensible. Les étals jalonnent les trottoirs, les marchandises jonchent la chaussée. Ce n’est pas une première. La libération des emprises sur le tronçon de route allant de PK10 à PK14 et dont les travaux sont en cours n’est pas allée sans de farouches oppositions.

La capitale politique n’est pas exempte de tels maux. Il suffit, pour s’en convaincre, de faire un tour au marché de Mokolo. Celui-ci était promis à une meilleure organisation, à un avenir prometteur pour tous les acteurs, après les travaux d’aménagement et l’inauguration qui a suivi, il ya quelques dizaines de mois. La communauté urbaine et les commerçants semblaient alors avoir trouvé, sur de multiples aspects tels que les étals, la propreté… un terrain d’entente sur une éthique de comportement et l’esthétique de la ville. Pourtant, malgré les rondes des responsables de ladite communauté appuyés par les forces de l’ordre, les rues, le long de ce marché, sont de nouveau envahies par les marchands. La circulation, à pied et davantage en voiture, y est pénible et risquée, faisant le terreau de l’insécurité.

Pourtant, les travaux entrepris ou envisagés ici, là-bas ou dans d’autres villes ont pour finalité avouée de relever l’un des défis les plus importants auxquels notre pays est confronté à savoir une urbanisation maîtrisée, planifiée, répondant aux normes modernes et aux besoins d’une population urbaine en croissance exponentielle. En d’autres termes, le défi du développement des villes modernes. Si tous les acteurs semblent d’accord sur la nécessité de la modernisation de nos villes avec, par exemple, des rues larges, des trottoirs bordés de fleurs, de l’eau potable, l’éclairage public, la salubrité assurée, l’accès sans encombre pour les sapeurs-pompiers, des marchés organisés etc, les contradictions et les oppositions dans les jeux d’intérêts naissent et s’entrechoquent sur le champ de la mise en œuvre. Le moins que l’on puisse dire cependant, c’est que la modernité a un prix. Les divers aménagements menés dans l’observance des règles établies, ont évidemment un prix qui ne se limite pas à l’argent. Chaque ville développe sa personnalité dans sa vision. D’où la nécessité toujours soulignée de trouver chaque fois des solutions de rechange compte tenu de la complexité du problème et sans que cela soit facile, s’agissant, par exemple, des marchés qui font vivre beaucoup de monde chez nous dans l’informel. En plus des marchés structurés, parfois spécialisés, l’on a vu sous d’autres cieux des marchés ambulants ou périodiques, sur telle ou telle rue fermée à la circulation à cette occasion pendant un temps déterminé. Cela ne fait pas forcément école. C’est un terrain propice à l’imagination et à l’innovation.

La modernisation est aussi en relation avec notre perception collective et notre occupation de l’espace urbain. La ville, en l’occurrence Yaoundé où l’on va « chercher là-bas une vie meilleure », pour reprendre les mots pertinents du chansonnier André-Marie Talla, se donne ses règles pour les autorités municipales comme pour ses habitants. Sans respect des règles, les tentatives de modernisation apportent souvent plus d’interrogations et d’espoirs déçus que de réponses pertinentes. Il y a cependant une réalité indéniable : pour aller « de la médiocrité à l’excellence », selon la belle formule du philosophe Njoh Mouelle, il est incontournable d’accepter, sans laisser place aux ambiguïtés, la modernisation avec ses exigences.

 

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