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« Il faudrait 20 fois plus d'argent pour reconstruire la Somalie»

Hans De Marie Heungoup, politologue, chercheur à la Fondation Paul Ango Ela de géopolitique en Afrique centrale (FPAE).


Peut-on dire aujourd’hui que le sommet de Londres était celui de l’espoir comme l’ont annoncé certains ?

Il y a toujours de l’espoir derrière toute initiative multilatérale. Cela dit, les défis conjoncturels et structurels auxquels la Somalie doit faire face vont au-delà de 300 millions de dollars. Compte tenu du niveau de délitement de ce pays, il est irréalisable de prétendre faire du state-building avec un-peu plus de 189 milliards de F. En réalité, il faudrait au moins 20 fois plus d'argent pour reconstruire ce pays, soit 6 milliards de dollars (environs 3000 milliards de F). Voyez-vous, en Afghanistan les États-unis ont injecté plus de 600 milliards de dollars sur dix ans sans que cela ait fait décoller ce pays de la 182ème place de l'Indice du développement humain. Si l'on n'a pas pu refonder l'Afghanistan avec 600 milliards de dollars (303 000 milliards de F), pensez-vous sérieusement qu'on puisse refonder la Somalie avec 375 millions de dollars (189 milliards de F), soit une somme d'argent deux mille fois inférieure à celle dépensée en Afghanistan? En vérité, la question préjudicielle avant toute analyse de la situation somalienne est la suivante : la Somalie constitue-t-elle une priorité stratégique pour les grandes puissances ? A l'évidence non; comme en témoigne la modicité des moyens financiers promis à l'occasion de la conférence internationale du 7 mai 2013 à Londres.

Vous avez mené des recherches sur ce pays durant six mois, d'avril à octobre 2010. Comment entrevoyez-vous son avenir ?  

Je suis parvenu à la conclusion évidente que la Somalie constituait un espace géoethnique polymorphe englué et encastré dans un cycle polémologique protéiforme. La raison en est qu'au-delà de la question conjoncturelle des shebab (survivance de l'Union des tribunaux islamiques), il y a la question structurelle de la partition ethno-géographique du pays, de la culture de la violence elle-même issue de la culture pastorale, de l'héritage de la dictature du général Siad Barre et des guerres civiles post Barre. C'est l'effondrement de l'État (au sens de collapsed state) qui a entraîné tous les maux que connaît actuellement cette formation sociale étatique, notamment la prolifération des seigneurs de guerre, la cristallisation de la piraterie maritime et l'intrusion d'Al-Qaeda via le Yémen et via le Maghreb dans le jeu stratégique somalien. Si vous voulez, il me semble que dans ce pays l'on s'échine actuellement à combattre un mal, qui est certes le plus urgent, à savoir les milices Shebab, mais qui, à la vérité, ne constitue pas la véritable gangrène de la faillite de la République fédérale de Somalie. De ce fait, à mon analyse, les lendemains de la Somalie ne se présentent pas de façon enchantée.

Comment pourrait-on pacifier ce pays à court ou à long terme?

Il faut que les différents protagonistes le veuillent réellement et qu'ils usent de la bonne méthode. Il faut que l’Amisom développe une stratégie de responsabilisation des forces armées somaliennes. Sur le court terme (cinq ans), ce qui est faisable, c'est la formation et le renforcement des capacités des forces armées somaliennes. Il faudrait associer de manière intelligente l'ensemble des entrepreneurs du désordre autour d'une table et voir dans quelle mesure procéder au désarment, à la démobilisation et à la réinsertion des ex-seigneurs de guerre et des coteries armées. Naturellement, les effectifs de l'Amisom actuellement de 17.700 hommes devront être au moins doublés. Sur le long terme (15 ans), il faudrait déjà que le pays puisse recouvrer son intégralité territoriale. Je rappelle que la Somalie est actuellement divisée entre huit entités territoriales qui se réclament chacune indépendantes. Les plus connues sont le Somaliland, le Puntland et le Jubaland. Il faudrait ensuite que ce pays adopte une gouvernance de type consociatif, afin de mieux manager ses clivages ethniques. Il faudrait enfin que soient tues de façon définitive les préoccupations irrédentistes de certains dirigeants somaliens. Vous n'ignorez pas que l'une des causes de la désintégration économique de la  Somalie c'est la longue guerre qu'elle a livrée avec l'Éthiopie au sujet de l'Ogaden. Si toutes ces préconisations sont prises au sérieux, alors ce pays pourra connaître un avenir radieux.

Hans De Marie Heungoup : « Oeuvrer pour une réconciliation pacifique de l'ensemble des acteurs ». 

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