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Dossier de la Rédaction

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La sécurité, un défi collectif

L’actualité récente chez nos voisins immédiats (Centrafrique et Nigeria) et en Afrique occidentale (Mali) a permis de mesurer douloureusement la précarité des systèmes démocratiques en Afrique, et l’extrême vulnérabilité du développement économique dans un contexte de guerre ou d’instabilité chronique. Ces situations extrêmes de désespoir humain et de chamboulements institutionnels, à notre porte, ne pouvaient laisser le Cameroun indifférent, tant il est attaché à la paix, perçue comme valeur de civilisation indispensable au progrès économique et à l’enracinement de la culture démocratique.

Au-delà de la simple empathie pour des pays frères et amis, l’enlèvement d’une famille française dans la région de Waza le 19 février dernier a été ressenti par nos compatriotes comme une véritable déflagration. Habitués à la paix au point de la croire innée et acquise pour toujours, les Camerounais pensaient : « la guerre, c’est les autres », comme on dirait « l’enfer, c’est autrui ». Comment accepter et affronter la réalité de l’incursion de la violence meurtrière sur notre territoire, à notre corps défendant ? C’est là l’une des questions les plus lancinantes de ce début des années 2000 au Cameroun.

Fort heureusement, dans le cas de la famille Moulin-Fournier, le chef de l’Etat, chef suprême des armées, a déployé une véritable diplomatie souterraine, sans tambours ni trompettes, pour la faire libérer le 19 avril dernier, au grand soulagement des Français et des Camerounais, unis, une fois n’est pas coutume, dans la même reconnaissance. Mais pour bien des nôtres, cet incident a tracé une nouvelle ligne de défiance avec l’insécurité liée aux insurrections d’origine civile ou religieuse, aux bandes armées. Cette insécurité n’est plus désormais un spectre lointain, elle a un visage. Nous avons pu le toucher.

Il paraît presque naturel, dans ce contexte, que le thème choisi cette année pour rythmer les manifestations de la fête du 20 mai soit lié à la sécurité : « Armée et nation, ensemble pour relever les défis sécuritaires pour un Cameroun émergent ». Oui, il n’est pas d’avenir sans la paix, et il n’y a pas de paix sans l’engagement total, fervent et patriotique de l’armée. Dans un monde infesté de menaces, il s’agit pour le pays de faire confiance à la stratégie sécuritaire déployée par le chef de l’Etat, puisqu’elle s’inscrit elle-même dans la vision globale de la nation visant à sortir le Cameroun du sous-développement économique dans une vingtaine d’années, et sur la base de laquelle le président de la République a été réélu en 2011.

Cette vision-programme, bien qu’elle n’ait pas été formellement théorisée pour le grand public, est connue dans ses grands principes, en particulier depuis la réforme des armées de 2001. Elle s’articule autour de la modernisation et du rajeunissement, de la professionnalisation, de l’ancrage à la culture des droits de l’homme. Les performances de nos forces de défense sur les différents fronts où elles sont engagées pour combattre l’insécurité attestent de l’efficience de la stratégie et valident la vision du stratège. A Bakassi, et sur toute la côte sud-occidentale, où nos forces de défense livrent un combat sans merci contre les insurgés nigérians et les pirates, les résultats sont probants. Mais il faut reconnaître que la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée où trop d’intérêts tribaux, nationaux et supranationaux, convergent – ou divergent – ne peut être assurée sans la coopération des Etats et des institutions. Il en est de même des zones frontalières, où il est impératif d’accélérer le développement – et là aussi la coopération interétatique – pour consolider la paix.

Quant à ce qu’on peut considérer comme les nouvelles menaces, avec Boko Haram et Cie, elles constituent évidemment un nouveau défi pour les armées, mais nous devons croire qu’elles vont se donner les moyens d’y faire face, tant leurs conséquences sur l’économie et la confiance des investisseurs sont dévastatrices. Il faut bien se dire que c’est là l’un des domaines où la coopération et la loyauté des populations sont primordiales. « Armée et nation ensemble », oui, c’est la seule combinaison gagnante, pour juguler ce type de menaces.

Cela dit, la population camerounaise, rassurée sur les capacités des forces de défense sur le front extérieur, en attend encore énormément en ce qui concerne la sécurité intérieure. La criminalité ordinaire, qui touche les citoyens ordinaires, reste un aiguillon permanent, il faut bien l’avouer.

Les braquages et les vols à main armée, les coupeurs de route, les taxis et moto-taxis déguisés en prédateurs, atteignent la cote d’alerte et touchent désormais les zones rurales, que l’on croyait préservées, tout en menaçant les affaires, le tourisme intérieur, et la paix des familles.

Comment ne pas évoquer à ce sujet les assassinats ciblés de jeunes filles, qu’on a qualifié de crimes rituels ? Ces formes de criminalité induisent une violence et une terreur face à laquelle les citoyens sont désarmés. La police, associée à la gendarmerie, doit pouvoir y apporter une réponse prompte et efficace pour préserver la confiance de la population, en se faisant doter de moyens financiers, humains et techniques plus importants. La société elle-même, dans cette stratégie de mutualisation des forces, doit mieux éduquer et encadrer les jeunes, leur offrir plus d’espoir et de perspectives. Qu’on se le dise, il n’y aura pas de développement sans la paix et le sentiment de sécurité. C’est un défi collectif. De taille.

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