De tristes constats s’imposaient mercredi, 5 juin 2013, au moment où la communauté internationale célébrait la journée mondiale de l’environnement. Sur une planète menacée par l’accentuation de la pollution, au cours de ces 150 dernières années post-révolution industrielle, des changements notables dans les comportements humains tardent à se manifester. Il demeure lointain l’idéal d’un développement durable. Lequel, dans l’esprit du rapport de Brudtland qui en a défini les contours en 1987, permettrait « de répondre aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures à faire face aux leurs ».

Le thème de la célébration de la journée de l’environnement, cette année, a mis le doigt sur l’un de ces phénomènes qui se posent en paradoxe dans la perspective de ce développement durable : «« Pensez-Mangez-Préservez- non au gaspillage et aux pertes alimentaires. » Car la perte des aliments et le gaspillage sur lesquels est focalisée l’attention, cette fois-ci, se posent comme un réquisitoire contre la société de consommation où l’opulence la plus ostentatoire des uns et la disette, voire la faim, pour des millions d’autres, vont de pair. Ce qui ne va pas sans poser des problèmes sur une planète aux ressources limitées, qui aura néanmoins à nourrir huit milliards d’âmes en 2020.

Le même paradoxe se retrouve dans bien d’autres aspects de la gestion de l’environnement. Même là où s’exprime une forte volonté politique, un élan mondial, il se trouve toujours des gens ramant à contre-courant, au point de remettre en cause de précieux acquis. L’on déplorait ainsi à Yaoundé, la semaine dernière, au cours d’un atelier, les coups durs portés à la réserve faunique du Dja. Classée patrimoine mondial par l’Unesco, circonscrite et protégée par le gouvernement, suivie de près par des organisations nationales et internationales de protection de la nature. Et pourtant, le braconnage, l’exploitation anarchique des ressources forestières et minières mettent en péril la biodiversité que ce cadrage entend préserver. Des espèces rares comme les éléphants, les grands carnivores et les singes, cibles privilégiées des braconniers, sont ainsi menacées de disparition.

Quasiment encerclée par le fleuve Dja, la réserve qui porte son nom est réputée être l’une de forêts humides d’Afrique les plus vastes et les mieux protégées. La plus grande partie de sa superficie demeure vierge. Surtout remarquable pour sa biodiversité, l’on y a dénombré 107 espèces de mammifères dont cinq sont en voie de disparition. Ce trésor convoité de toutes parts, s’étendant sur les régions du Sud et l’Est, s’insère dans le massif forestier du bassin du Congo. Lequel constitue le poumon de la planète le plus important après l’Amazonie. Un poumon qui joue un rôle vital sur l’équilibre du climat de la planète. S’en prendre aux biens environnementaux aussi précieux devrait, sans doute, s’assimiler à un crime contre l’humanité.

A l’observation des changements climatiques en cours dont les experts situent l’accentuation dans l’activité humaine, notamment émission de gaz à effet de serre, tout un chacun devrait prendre conscience de la nécessité d’une révision de comportements les plus anodins, pour la préservation du patrimoine mondial qu’est notre environnement. Sur ce terrain, les moindres gestes individuels dans la préservation de l’environnement s’inscrivent dans la lutte pour une grande cause. C’est tout comme les ruisseaux qui se mettent ensemble pour former des fleuves. L’instauration de la journée mondiale de l’environnement lors de la conférence de Stockholm en 1972 participe de la sensibilisation face à cette réalité. C’est l’occasion pour le programme des Nations unies pour l’environnement de mettre en lumière un grand défi interpellant la raison humaine : une gestion des ressources dans une perspective durable.