Après l’achèvement de la construction du mur d’enceinte, les visiteurs doivent présenter un badge et les véhicules un macaron pour circuler. Les opérateurs économiques apprécient. Il faut désormais montrer patte blanche pour entrer au Port autonome de Douala (Pad). La principale place portuaire du Cameroun renforce la sécurité des biens et des personnes dans l’enceinte portuaire. Et ça se voit. Après l’interdiction d’accès aux motos-taximen et motocyclistes , chaque personne voulant franchir l’enceinte portuaire doit désormais porter un badge. Et si vous voulez entrer avec un véhicule, il doit arborer un macaron. A l’intérieur, une barrière est hissée pour séparer la zone d’accostage des navires avec les autres usagers du port. Un peu comme dans une enclave, un long mur encercle toute la zone portuaire pour n’en laisser que deux entrées.

L’entrée sud se trouve du côté de la Place de l’Udéac. « L’entrée nord devrait être en principe au niveau du rond-point Deïdo, mais elle est logée au marché Sandaga, en raison de la forte progression urbaine sur le domaine portuaire », indique un responsable du Pad. Devant ces deux points de contrôles, gendarmes, policiers et services de sécurité du Pad se relaient. « Les taxis qui nous déposaient au carrefour Messapresse sont interdits depuis trois mois. Et nous sommes obligés de descendre à pied de l’hôtel Méridien ou du Groupement mobile d’intervention pour rejoindre nos bureaux », se plaint une employée d’une société basée dans la zone portuaire.

A en croire des sources bien introduites, c’est plus de 18000 personnes qui cherchent à entrer au Pad chaque jour. La marche devient le sport matinal pour ces usagers dont les véhicules n’ont pas de badge. Les plaintes viennent également des opérateurs du secteur touristique.

Désagréments

Les restaurants du bord de mer, « Dernier comptoir colonial », « Le Mbam », « La mangrove », « Bandole plage » ou « Marina » ressentent déjà le poids de ces restrictions. « La clientèle a fortement diminué. Les recettes ont chuté. Nous n’arrivons plus à supporter les charges alors que nous payons un loyer au Pad », relève Bernard Alaga Alaga, restaurateur. Du côté du Pad, des responsables à la capitainerie mettent plutôt en avant les bénéfices de ces mesures restrictives. « Il y a maintenant moins d’embouteillages sur le site, les voitures circulent plus rapidement. Par rapport aux six derniers mois, les plaintes des prestataires ont baissé concernant le vol des marchandises. Les entrées frauduleuses sont limitées car ne viennent au port que ceux qui ont une activité à mener dans l’enceinte portuaire », précise-t-on à la capitainerie. Il est donc demandé aux restaurateurs et autres acteurs de revoir plutôt le modèle économique de leurs investissements.

Des mesures sont néanmoins prises pour soulager les piétons. Le Chantier naval et industriel du Cameroun et Douala International Terminal mettent par exemple des navettes à la disposition de leurs personnels des deux entrées jusqu’à leurs installations. Le Pad lui-même réfléchit à la mise en place de ce type de services pour soulager les usagers qui peuvent marcher sur 10 kilomètres dans la zone.

L’ensemble de ces mesures de sécurité s’inscrivent en fait dans l’ambition du Pad de s’arrimer à l’ISPS. Le code international pour la sûreté des navires et des installations. L’objectif est d’améliorer la confiance des opérateurs (armateurs, consignataires et prestataires) du secteur maritime international vis-à-vis du principal port camerounais. Le code ISPS est promu par les Etats-Unis d’Amérique (USA) depuis 2002, suite aux attentats du 11 septembre 2001. « Il s’agissait pour les USA de prendre des mesures afin que les attentats commis dans le domaine aérien ne se produisent pas sur les navires ou les installations portuaires », indique François Bindzi Essomba, patron d’une entreprise de sécurité portuaire. Le code ISPS vient en complément de la convention Solas, signée en 1964. 125 pays dans le monde adhèrent à cette norme.