Il s’allonge, le temps des larmes des supporters versées sur les défaites des Lions indomptables dans les éliminatoires des compétitions africaines et mondiales. Les expressions plus ou moins contenues de regret, de déception, voire de dépit s’enchainent : hélas! holà! domptés!

La défaite subie dimanche face au Togo, à Lomé, lors de la quatrième journée des éliminatoires de la Coupe du monde 2014 prévue au Brésil s’inscrit dans le registre de ces annales foireuses. Avec d’autant plus d’amertume qu’il s’agissait, pour ainsi dire, d’une rentrée des classes, d’un rendez-vous décisif aussi bien pour l’escouade des Lions indomptables retenus lors de la rencontre, que pour le nouveau sélectionneur, l’Allemand Volker Finke. Cette défaite, comme tant d’autres auparavant, découle du mauvais jeu dans lequel le football camerounais est empêtré depuis des années.

De façon générale en sport, le mauvais jeu résulte tantôt de l’inobservance des règles propres à une discipline donnée, particulièrement sur le terrain, tantôt de la médiocre qualité de la prestation des compétiteurs, ou bien des deux aspects à la fois. Nous n’insisterons pas sur la prestation des Lions indomptables, dimanche dernier, à Lomé. Le résultat est en lui-même suffisamment éloquent, comme l’ont abondamment relevé nos envoyés spéciaux, en mettant pour ainsi dire le pied dans les faiblesses tactiques observées. Le nouveau sélectionneur des Lions indomptables aurait sans doute voulu se passer d’une telle entrée en matière, si l’on se réfère à ses déclarations rassérénantes au cours d’une conférence de presse avant le match.

Mais comment passer précisément sous silence une réalité récurrente selon laquelle l’absence de sérénité apparaît comme l’une des calamités dont souffrent les Lions indomptables ces dernières années, voire, sans exagération aucune ni amalgame, le football camerounais ? C’est l’absence de sérénité qui est au centre du mauvais jeu de l’équipe nationale tout comme du football camerounais en général. Les récentes pérégrinations relatives à la recherche d’un entraîneur ne sont pas encore effacées des mémoires. Elles se déroulaient en même temps que la Fifa (Fédération internationale de football association) rendait public son classement de juin 2013 où le Cameroun a perdu trois places. Suite à ses mauvaises prestations, notre pays est maintenant ravalé au 66e rang mondial. Tout cela n’est pas pour conforter la confiance et la sérénité.

L’un des vents les plus malsains, qui alimente depuis des années la regrettable morosité, est venu de la Fecafoot, comme nul ne l’ignore. D’abord, dans les querelles personnelles internes. Ensuite, dans ses tumultueuses relations avec le ministère des Sports et de l’Education physique, sa tutelle. Tout cela est de nature à entretenir un climat délétère. Les initiatives nombreuses des pouvoirs publics à l’instar des états généraux du football camerounais, les concertations et les réunions plus restreintes n’ont pas, pour le moment, abouti au résultat escompté à savoir redorer le blason terni du football camerounais. La régression de la qualité compétitive du championnat d’élite, à la base, n’est pas plus rassurante. Il suffit pour s’en convaincre, d’ausculter dans l’ensemble les résultats des représentants du football camerounais dans les compétitions continentales depuis plus d’une dizaine d’années. Faut-il faire observer qu’ils sont loin d’être élogieux? Les réticences, voire le refus de la modernisation à travers une organisation plus professionnelle n’y sont pas étrangers non plus.

Au fond, loin d’être des éléments épars, tous les aspects évoqués s’enchaînent et concourent au bon jeu, au bon résultat. A condition qu’il y ait la sérénité dans la maison. Mais comment y parvenir ou y revenir? Le football camerounais a besoin d’une solution idoine pour cette équation à plusieurs inconnus.